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Mobilisation des enseignants : Blanquer méprise, les JT font silence
Article mis en ligne le 28 janvier 2020

À partir du 20 janvier, les témoignages sur les conditions délétères dans lesquelles se déroulent les nouvelles épreuves du « BAC Blanquer » et des fameux « E3C » (« épreuves communes de contrôle continu ») se sont multipliés : fuite de sujets sur Internet, rupture d’égalité, mobilisation de retraités ou de contractuels pour surveiller les examens, pressions sur les enseignants, remises en question du droit de grève, escortes (et violences) policières devant certains lycées… Ces témoignages n’ont pourtant visiblement pas réussi à se frayer un chemin jusque dans les rédactions de certains médias nationaux, en particulier celles des deux principaux JT.

Comme chaque année, les « baromètres » pointent une défiance croissante de la population vis-à-vis des médias dominants ; de quoi tirer, comme chaque année, quelques larmichettes aux commentateurs médiatiques. Mais comment s’en étonner face à l’accueil réservé aux grévistes, invectivés, moqués ou chahutés en plateau ? Comment s’en étonner face au silence médiatique sur des pans entiers des mobilisations en cours – y compris les initiatives les plus créatives ? Comment s’en étonner face à la déférence avec laquelle ministres et secrétaires d’État sont reçus chaque jour sur des chaînes de télé ou stations de radio devenues, pour bon nombre d’entre elles, des canaux de diffusion d’éléments de langage et de mensonges gouvernementaux ? Bref, comment s’étonner de cette exaspération légitime du public, au vu de la couverture systématiquement partielle et partiale, si ce n’est « radicalisée » – pour reprendre un terme cher aux squatteurs de plateaux – du mouvement social actuel ?

Alors que la grève contre la réforme des retraites surpasse celle de 2003 dans le corps enseignant, les « épreuves communes de contrôle continu », décriées unanimement (et depuis longtemps) par une intersyndicale représentative réunissant 12 syndicats enseignants, augmentent le mécontentement général. En cours depuis plusieurs jours, l’organisation de ces épreuves se heurte cependant à une forte mobilisation des professeurs, élèves et parents d’élèves. Des manifestations, distribution de tracts, blocages, et bien d’autres actions créatives ont lieu partout en métropole et en Outre-mer, entraînant des perturbations, reports et suspensions d’épreuves.

Assumant le travail de mise en perspective dont devraient se charger les grands médias s’ils prenaient la peine d’enquêter sur ces initiatives, un collectif met à jour une carte interactive pour mesurer l’ampleur de la mobilisation [1]. Salutaire, ce travail permet également de palier les dénis de réalité du ministère et de Jean-Michel Blanquer, atteignant ces temps-ci des proportions himalayennes, facilités par une partie des médias qui, pourtant, ne manquent pas de ressources pour porter la contradiction.

La presse, et surtout la presse locale (pour des raisons évidentes), se font l’écho des mobilisations [2]. Mais du côté de la télévision nationale et de ses JT, le résultat est… accablant. (...)

Ajoutons que l’invisibilisation et le mépris médiatiques croissent à mesure que l’on s’éloigne des rédactions parisiennes. Ainsi les Outre-mer ne rentrent-ils pas dans le logiciel de France 2, alors qu’en Martinique, pour ne citer qu’un exemple, la mobilisation des professeurs est au plus haut (...)

Si l’on cumule les audiences des journaux de 20h de BFM-TV, TF1 et France 2 le 21 janvier, ce sont environ 11,5 millions de téléspectateurs [6] qui n’auront quasiment pas entendu parler de la mobilisation contre les « E3C ». Et comme nous l’avons vu, les jours suivants n’ont pas changé la donne. « Défiance, défiance »...