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Le blog de Gérard Filoche
Mobilisons-nous le mardi 17 et le jeudi 19 mai contre le coup de force du 49.3 et le projet de loi El Khomri
par Jean-Jacques Chavigné
Article mis en ligne le 16 mai 2016

Ils ont osé !

Manuel Valls avait vertement repris Myriam El Khomri lorsqu’elle avait vendu la mèche en menaçant, il y a deux mois déjà, de l’utilisation du 49.3. Il fallait discuter au Parlement assurait, patelin, le Premier ministre qui se déclarait sûr de convaincre.

En 2006, lorsque Dominique de Villepin avait choisi de passer en force et de faire adopter le CPE à l’aide du 49.3, François Hollande, premier secrétaire du PS, avait assené avec une parfaite dignité « le 49.3 est une brutalité, le 49.3 est un déni de démocratie, le 49.3 est une manière de freiner ou d’empêcher le débat parlementaire ». Comment s’étonner, avec une telle contradiction entre les paroles et les actes, du discrédit de la parole présidentielle et de la progression du FN ?

Un Président sans majorité au Parlement, totalement isolé dans l’opinion

L’utilisation du 49.3 est l’aveu de faiblesse d’un gouvernement incapable d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale pour faire adopter un projet de loi aussi ostensiblement favorable au Medef.

Nombreux aussi, sont ceux qui s’interrogent sur l’utilisation de la violence d’État et sur son intensification. Les témoignages s’accumulent. Les médias ne parlent plus du 49.3 ou du contenu du projet El Khomri mais des « violences », ce qui est sans doute le but recherché. Depuis le Nigéria, François Hollande dénonce les dégradations commises à Rennes… Là encore, quel aveu de faiblesse ! On se croirait revenu en 1970 quand Georges Pompidou présidait la République et lorsque Raymond Marcellin était ministre de l’Intérieur. A une différence prés cependant : Georges Pompidou était alors très largement majoritaire dans l’opinion, alors que François Hollande plafonne à 16 % d’opinions favorables.

L’ « omerta » qui pèse sur les violences sexuelles subies par les femmes dans les entreprises serait encore plus lourde si le projet de loi Travail était adopté

Il a fallu beaucoup de courage aux femmes politiques qui ont osé briser l’ « omerta » qui règne dans les partis politiques, fussent-ils de gauche, quand il s’agit de harcèlement sexuel. Dénoncer les agressions sexistes qu’elles ont subies n’a pas été simple, même lorsqu’elles étaient des élues de la République. Imagine-t-on ce qu’il en serait de cette « omerta » pour des femmes salariées, si la loi El Khomri était votée et permettait à un employeur de licencier à peu près comme il l’entend ?

Le harcèlement sexuel a toujours pour origine un rapport de forces social défavorable aux femmes. La loi El Khomri accroîtrait considérablement le pouvoir du patronat comme de la hiérarchie d’une entreprise et le risque d’agressions sexistes augmenterait d’autant. (...)

Censurer le gouvernement !

La gauche du PS a échoué de peu à présenter une motion de censure, avec les élus du FDG et des élus d’EELV. Il aurait fallu la signature de 58 députés mais seuls 56 ont signé cette motion de censure.

Ce n’est que partie remise, le projet de loi est loin d’être encore adopté. Après son passage devant le Sénat, il reviendra en seconde lecture devant l’Assemblée nationale. Si le gouvernement s’obstine à utiliser le 49.3, il faudra, de nouveau, que les frondeurs essaient d’obtenir les 58 signatures nécessaires au dépôt d’une motion de censure de gauche. Mais si cette motion ne pouvait voir le jour ou si elle n’était pas adoptée, il faudrait bien que les frondeurs en arrivent à se poser sérieusement la question de voter la motion de censure de la droite. La priorité des priorités n’est-elle pas d’empêcher cette loi scélérate d’être adoptée ?

Manuel Valls n’a pas hésité à déclarer qu’il utiliserait tous les moyens constitutionnels (dont le 49.3) pour faire passer le projet de loi Travail. Au nom de quoi ceux qui rejettent cette loi dictée par le Medef ne pourraient-il pas, eux aussi, utiliser tous les moyens institutionnels mis à leur disposition ? (...)

Renoncer à cette loi dictée par le MEDEF et faire voter une loi protectrice des salariés est l’ultime chance d’empêcher le naufrage intégral du quinquennat.