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Moins-disant législatif et arbitraire répressif : le projet sur la protection des sources des journalistes
Article mis en ligne le 20 juin 2013

Il y a quelques mois, dans un article intitulé « Protection du secret des sources des journalistes : vers une nouvelle loi ? », nous faisions part de notre « vigilance préventive » après l’annonce par François Hollande de l’adoption prochaine d’une « disposition législative » destinée à renforcer la protection du secret des sources des journalistes. Le flou sur le contenu du futur texte et, plus généralement, la frilosité du gouvernement sur la question des médias n’incitaient guère à l’optimisme…

À voir le projet de loi présenté le 12 juin en conseil des ministres, cette circonspection était fondée : pour quelques avancées procédurales presque anecdotiques, le texte entérine, voire aggrave sur l’essentiel le dispositif législatif existant.

Alors qu’aucune information substantielle mettant en cause les grandes institutions publiques ou privées, leurs dirigeants, leurs pratiques et leurs intérêts ne peut « sortir » si les informateurs des journalistes ne sont pas protégés, il n’est guère surprenant que le texte proposé par le gouvernement ait été quasi unanimement condamné par la profession, de Reporters sans frontières à la Fédération française des agences de presse, en passant par l’Association de la presse judiciaire ou les organisations syndicales comme le SNJ [1], sans compter la tonalité essentiellement critique de la couverture médiatique. (...)

On ne sait si c’est le sens de l’humour de François Hollande qui lui a inspiré ses réflexions sur le « bon équilibre » trouvé dans ce texte censé « renforcer l’exemplarité de la République » ou bien s’il croit vraiment aux « éléments de langage » que lui concoctent ses conseillers en communication… Ce qui est certain, en revanche, c’est que cette question de la protection des sources des journalistes est la victime constante de l’hypocrisie de gouvernants qui, tout en multipliant les proclamations vertueuses sur leur attachement à la liberté de la presse, rechignent à abandonner des pouvoirs qui leur permettent, au nom de la raison d’État, de contrôler ou de ralentir un tant soit peu le cours de « révélations » susceptibles de les embarrasser lorsqu’ils sont « aux affaires ». Et de ce point de vue, le gouvernement actuel, pour « exemplaire » qu’il prétende être, ne fait pas mieux que le précédent. Reste à voir si la majorité parlementaire approuvera tel quel ce nouveau manque d’ambition et de courage politique du gouvernement sur la question des médias… (...)