
Je n’avais guère prêté attention à Hugo Chavez. Pour moi, le Venezuela évoquait un pays pétrolier longtemps réduit à un statut de semi-colonie par les Etats-Unis, et qui par ailleurs avait subi des inondations catastrophiques en 1999. Chavez ? Hmm ?
Mais peu avant la conférence de Copenhague sur le climat, en 2009, la traduction en espagnol de mon livre, Comment les riches détruisent la planète, lui fut transmise.
Il faut savoir que Chavez participait tous les dimanches à un programme radiophonique de plusieurs heures, mélange de radio-crochet, chansons, jeux, informations sur l’activité du gouvernement et éducation politique populaire. Une part de la faconde intarissable de l’animateur Chavez venait de ses lectures de la semaine, que ce quasi-autodidacte dévorait pendant ses nuits.
Advint la conférence de Copenhague sur le climat en 2009. On l’a oublié aujourd’hui, mais cette conférence se produisit dans un état d’excitation impressionnant, dans un moment où la question du changement climatique n’avait jamais été aussi présente dans la conscience collective. Et tout ce que la planète comptait d’écologistes engagés et de chefs d’Etat étaient animés par l’irrépressible besoin… d’ETRE LA.
Permettez-moi de vous raconter comment j’ai croisé alors Hugo Chavez – il s’agit en fait des notes que j’avais prises alors, pour le récit de la conférence. (...)
la haine des grands medias occidentaux à l’égard de Chavez m’a toujours stupéfié. Son motif est simple : ils avaient peur de l’alternative au capitalisme qu’il tentait d’incarner avec d’autres, peur qu’il puisse servir d’exemple et de modèle. Chavez n’était certes pas un saint, mais ce n’était pas un démon. Il a toujours été régulièrement élu, et les prisons de Caracas ne comptaient pas de prisonniers politiques. Et surtout, j’ai toujours été frappé de la différence de traitement des médias envers le Venezuela et d’autres pays d’Amérique centrale : a-t-on prêté la même attention au Guatemala, au Honduras, au Salvador, théâtres de violentes et barbares répressions, et dont les régimes politiques sont loin d’être des parangons de vertu démocratique. Mais ils sont dans la main des Etats-Unis, et c’est cela que les médias de l’oligarchie reprochaient à Chavez : il était libre.