
C’est une « spiritualité déviante » contre laquelle le pape François lutte déjà depuis quelques années. En juillet 2014, des membres de la mafia calabraise avaient organisé une procession religieuse dans les rues d’Oppido Mamertina. Arrivés devant la résidence de Giuseppe Mazzagatti, l’un des chefs locaux de la ’Ndrangheta, le cortège avait fait s’incliner une statue géante à l’effigie de la Vierge Marie, en signe de reconnaissance et d’allégeance à la mafia.
L’événement avait alors déclenché un scandale, et l’évêque du diocèse d’Oppido Mamertina-Palmi avait interdit les processions religieuses dans la ville. Quelques mois plus tôt, le pape François avait lui-même publiquement condamné la ’Ndrangheta, la mafia calabraise, à la suite d’un crime sordide. Il avait alors déclaré : « La ’Ndrangheta représente l’adoration du mal et le mépris du bien commun… Ils sont excommuniés. » (...)
Corruption ecclésiastique
Le culte marial, qui donne lieu à de nombreuses processions spectaculaires en Italie, est intégré depuis longtemps dans la culture catholique populaire. La culture mafieuse a quant à elle copieusement repris ce symbole à son compte, qui lui permet de s’acheter un fort crédit social auprès des communautés locales. L’argent du crime organisé contribue d’ailleurs à financer de multiples manifestations religieuses, avec la complicité de certains prêtres.
« Dans le système de la mafia, la figure de Marie est devenue celle d’un être humain qui doit être soumis, donc esclave, et qui doit accepter la volonté de Dieu, la volonté des patrons, la volonté du chef de la mafia », affirme Stefano Cecchin. (...)