
Dans une tribune à L’Opinion, un collectif de 59 parlementaires, demandent au Président à nouveau de ne pas isoler la France du dialogue sur le désarmement nucléaire aux Nations Unies, sous peine d’affaiblir la crédibilité de la France et de brouiller notre posture nucléaire.
Monsieur le président, du 19 au 21 mai lors du Sommet du G7 à Hiroshima, vous allez rencontrer des Hibakusha, les victimes de ce drame atomique et de celui de Nagasaki. Comme nous l’avons fait en juin 2022, nous vous demandons à nouveau de ne pas isoler la France du dialogue sur le désarmement nucléaire aux Nations Unies, sous peine d’affaiblir la crédibilité de la France et de brouiller notre posture nucléaire.
La menace nucléaire
Hiroshima : ce nom résonne comme l’horreur ultime dans l’imaginaire de tout un chacun. Devant l’imminence de la menace nucléaire et en particulier face à l’attitude agressive de la Russie, le premier ministre japonais Fumio Kishida a souhaité tenir le Sommet du G7 dans cette ville. C’est un message fort en faveur d’un monde sans armes nucléaires.
Depuis le 24 février 2022, le risque que soit brisé le tabou nucléaire pour la première fois depuis le 9 août 1945 s’est accru. L’agression russe de l’Ukraine s’est appuyée sur la menace ouverte de l’emploi d’armes nucléaires à l’encontre de la France et plus largement des États membres de l’Alliance atlantique.
Or, toute détonation nucléaire engendrerait des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques pour les populations civiles frappées, comme pour celles des pays frontaliers (...)
Pourtant, face à ce risque, la France a affiché fermement sa politique de dissuasion, notamment au printemps 2022 avec la sortie en mer de trois sous-marins de la force océanique stratégique. La Loi de programmation militaire 2024-2030 va également dans ce sens. Elle affirme la volonté de moderniser et renouveler les composantes et infrastructures nécessaires au fonctionnement de la dissuasion, pour un montant annoncé de 53,69 milliards d’euros.
Si nous avons des approches parfois divergentes de la politique de défense à mettre en place pour la France, nous pouvons au moins partager les propos du ministre des Armées, le 5 avril dernier en commission de la Défense de l’Assemblée nationale : « la dissuasion nucléaire n’est pas consensuelle dans notre pays ». (...)
Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires constitue cette démarche positive. Cette nouvelle norme internationale est déjà signée par 92 États et compte 68 États membres. Adopté au sein des Nations Unies et auquel ont concouru de nombreuses organisations tel que le Comité international de la Croix-Rouge, le TIAN a tenu en juin 2021 sa première Réunion des États parties avec la présence d’États dit observateurs et notamment de l’Australie, de l’Allemagne, de la Belgique, de la Finlande, de la Norvège, des Pays-Bas, de la Suisse, de la Suède. Ces États, disposant ou non du parapluie nucléaire, via l’Alliance atlantique ou un accord de sécurité avec les États-Unis, ont souhaité pour autant affirmer, malgré leurs interrogations sur ce traité, leur croyance dans le multilatéralisme et ce d’autant plus dans la période actuelle. Pendant ce temps, la France a décidé de pratiquer la politique de la chaise vide. (...)
Laisser une nouvelle fois un siège vide pour la France dans cette enceinte serait difficilement compréhensible. Monsieur le Président, au-delà de tous les discours du monde, l’Histoire retiendra les actes. Nous vous demandons d’agir. (...)
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– (France TV info)
G7 : Un sommet à Hiroshima, symbole de l’histoire
C’est un sommet qui rentre dans l’histoire et qui fait écho à l’une des plus grandes tragédies du siècle dernier. Le G7 se déroule à Hiroshima. Le point avec Anne Bourse, envoyée spéciale à Hiroshima (Japon).
Les chefs d’Etats des sept plus grandes puissances économiques mondiales sont réunis au Japon pour le G7. Et c’est dans une ville bien particulière que se tient ce sommet puisque tous sont à Hiroshima, la ville atomisée par la bombe atomique en 1945. "C’est le premier moment fort de ce G7 à Hiroshima, cette photo de famille des dirigeants au pied du monument aux victimes", développe Anne Bourse, envoyée spéciale à Hiroshima (Japon). Un sommet marqué par le poids de l’histoire puisque c’est là-bas qu’a explosé la bombe atomique qui a tué 140 000 personnes. "Le premier ministre japonais aurait aimé que ce G7 marque un pas dans le désengagement nucléaire, mais cela est peu probable dans le contexte de la guerre en Ukraine. Vladimir Poutine agite depuis plusieurs mois la menace d’une confrontation nucléaire", poursuit la journaliste.
Volodymyr Zelensky sera présent (...)
– (courrier international)
Sommet. Le Japon accueille un G7 “historique” dans la ville “symbolique” de Hiroshima
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– (l’Express)
Sommet du G7 : le bruit des bottes s’invite dans la ville martyre d’Hiroshima
La ville de Hiroshima accueille le sommet du G7 avec le mince espoir que ses appels à la paix et à l’abolition des armes nucléaires seront entendus, dans un contexte général de course aux armements liée à la guerre en Ukraine, à la menace nord-coréenne, et aux pressions exercées par la Chine autour de Taïwan.
Le choix de cette ville rayée de la carte en 1945 pour ce sommet organisé du 19 au 21 mai est évidemment hautement symbolique. "Alors que les turbulences de la communauté internationale atteignent un niveau historique, je pense qu’il n’y a pas d’autre ville plus appropriée pour de telles discussions", a déclaré le Premier ministre, Fumio Kishida, lui-même natif d’Hiroshima. (...)
Surfant sur une vive hostilité aux armes nucléaires après l’essai américain de 1954 sur l’atoll de Bikini, la cité a accueilli en 1955 la première conférence internationale contre les bombes atomiques et à hydrogène, qui a attiré 2 600 participants de 15 pays. Elle a créé le réseau des Maires pour la paix, qui compte 8 256 municipalités dans le monde. Son activisme, porté par les hibakushas, a permis l’adoption, en 2016, du traité onusien d’interdiction des armes nucléaires (ratifié par 68 pays) - les puissances nucléaires ne s’y sont toutefois pas associées, pas plus que le Japon, qui bénéficie du parapluie nucléaire américain.
Le temps a passé mais les discours de paix restent omniprésents à Hiroshima, et sont repris par les jeunes générations. (...)
Cet attachement à la paix se traduit parfois par de l’hostilité pour des rendez-vous internationaux comme le G7. Bravant l’impressionnant dispositif policier mobilisé pour le sommet, près de deux cents personnes – chiffre non négligeable pour une manifestation au Japon - se sont rassemblées le 14 mai devant le dôme de la bombe, sous une bannière : "Le G7 n’est pas le bienvenu". Parmi eux, Yukio Nishioka, enfant d’hibakusha qui a appelé à honorer le souhait des survivants de la bombe de parvenir à l’abolition des armes nucléaires. Plus radicale, la militante pacifiste, Suzuyo Takasato, a déploré "l’utilisation de la ville victime de la première bombe atomique au service du développement des capacités militaires". (...)