
Alors que l’actualité corrobore l’analyse de notre article sur la crise économique paru dans le dernier numéro de ReSPUBLICA, nous sommes dans la semaine de rentrée scolaire de 12 millions d’élèves : grand retour des cours de morale à l’école ! Imposer une norme dans les comportements, voilà l’objectif. Si les « progressistes » disent beaucoup de mal de Sarkozy et de son gouvernement (là n’est pas notre plainte !), force est de constater que derrière leurs critiques, il y a loin de la coupe aux lèvres pour ceux qui souhaitent une réaction de la gauche à la hauteur des enjeux de la crise globale que nous traversons. Déjà, sur les livres scolaires, la réaction a été faible sur la défense de la théorie scientifique du genre. Et sur le retour de la morale, presque rien ou peu. Et pourtant…
On voit là une nouvelle conséquence de l’alliance des élites ordo-libérales avec les communautaristes et intégrismes religieux de tous poils : la nécessaire conformation au paradigme turbocapitaliste dès le plus jeune âge. Voilà qui est aux antipodes de l’école de Condorcet, lieu d’apprentissage de la liberté du futur citoyen. Car pour les laïques et les républicains de gauche, le but de l’école et de la laïcité est bel et bien la liberté du citoyen ! François Métivier, professeur de philosophie, a raison de dire dans le journal gratuit « Métro » que « Que voir dans ce programme si ce n’est l’art de travailler les apparences et l’apprentissage de l’hypocrisie sociale ». En fait, face à Bernard Lavilliers qui chantait « Je hais la morale », nos élites ordo-libérales veulent nous obliger à l’aimer de force ! (...)
En fait, la seule chose qui mérite d’être enseignée pour le futur citoyen, c’est le débat éthique à savoir la réflexion critique sur la ou les morales sans se départir de la politique du doute cartésien ou de la critique nietzschéenne. Mais pour cela, il faut des enseignants formés à cette maïeutique.
Et savoir comment seront « évaluées » ces connaissances.
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Cet arbre, que nous venons de décrire rapidement, cache la forêt de la pensée conformiste qui a comme objectif d’éradiquer la raison critique dans la sphère publique suivie par les élites ordo-libérales) pour la remplacer par des « évidences empiristes » appuyées sur le « bon sens » qu’aime bien l’ignorant qui voit la terre immobile et voit dans le ciel, le soleil tourner autour de la terre.
Cette pensée conformiste est du même acabit que la propension à reléguer dans la pensée la citoyenneté républicaine et la lutte des classes très loin derrière la prise en compte des catégories « familles », « contribuables », « automobilistes », etc. (...)
Refusons la morale de la politique et faisons de la politique à la morale.
(...) Wikio