
Devant la contestation, le gouvernement égyptien ne se contente plus de filtrer Internet : il l’a carrément coupé. Peut-on vraiment rendre le réseau inaccessible à l’échelle d’un pays ?
Ce vendredi matin, impossible d’accéder aux sites en .eg, le suffixe égyptien.
« C’est une situation complètement différente de la manipulation modeste d’Internet qui avait eu lieu en Tunisie, où ce sont des routes spécifiques qui ont été bloquées [jusqu’à jeudi, l’Egypte avait elle aussi bloqué Facebook et Twitter, ndlr], ou en Iran, où Internet est resté accessible dans une forme limitée, destinée à rendre les connexions douloureusement lentes.
Le gouvernement égyptien a effacé son pays de la carte mondiale. » (...)
Dans un pays où il n’y a que quatre opérateurs, si vous éteignez leurs équipements, vous avez coupé Internet. […] (...)
Certains sites restent pourtant accessibles, indique Renesys. Parmi ces exceptions, le site de la Bourse égyptienne : pendant la censure, les affaires continuent. Explication probable, selon Benjamin Bayart :
« Parmi les opérateurs égyptiens, l’un d’entre eux n’a visiblement pas obéi à l’injonction du gouvernement, et tous ses sites sont encore accessibles. Le site de la Bourse est raccordé à plusieurs opérateurs, dont celui-ci, et cela lui permet de fonctionner encore, au ralenti. » (...)
« Couper les communications dans un pays est une opération de guerre. La première chose qu’on fait dans une guerre, c’est bien de faire sauter les routes ou les ponts. »