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Basta !
Municipales : le visage anti-social et anti-écolo du Front National
Article mis en ligne le 21 mars 2014

Avec près de 600 listes validées dans 87 départements, le FN espère jouer un rôle d’arbitre dans de nombreuses villes. Et surfe sur le « virage social » du parti. Basta ! s’est donc penché sur les récents votes des élus frontistes dans les conseils régionaux du Nord-Pas-de-Calais, de Rhône-Alpes et de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Accords commerciaux, gaz de schiste, agriculture, transports... Autant de sujets sur lesquels les positions des élus FN contredisent les promesses de Marine Le Pen. Y compris lorsqu’il s’agit de soutenir des ouvriers en lutte contre la fermeture de leurs entreprises.

Passer d’un vote « contestataire » à un vote « populaire » est l’un des objectifs affichés du Front National pour les élections municipales. Mais dans les conseils régionaux – où le FN totalise 118 élus dans 12 régions [1] – il apparaît toujours comme un parti protestataire. Et incohérent. C’est ainsi que le 25 février, Marine Le Pen affirme déclarer « la guerre » au futur accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis (voir notre analyse). Or, quatre jours plus tôt, le groupe FN au conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) a agi en totale contradiction avec cette déclaration. Les élus frontistes ont en effet voté contre une motion demandant « l’arrêt des négociations sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement ».

« Le Front National a toujours exprimé et voté son opposition formelle au traité transatlantique », assure Frédéric Boccaletti, conseiller régional de Paca, en réaction aux railleries provoquées par ce vote (...)

Les questions environnementales, ce n’est vraiment pas la tasse de thé des élus du FN. Ces derniers, assemblée après assemblée, multiplient les déclarations climatosceptiques. « Nous nous opposons aux frais de communication qui consistent à annoncer la catastrophe climatique avec toujours de plus en plus de véhémence, alors qu’aucune étude n’est en mesure de démontrer l’incidence à long terme des émissions de gaz à effet de serre sur l’évolution du climat » (...)

Au FN, la position sur l’exploitation des gaz de schiste varie d’une année à l’autre. En 2011 par exemple, le FN soutient les mobilisations des opposants aux gaz de schiste. Mais un an plus tard, Marine Le Pen se fait épingler pour ses propos contradictoires sur ce sujet. Lors des présidentielles, elle s’affiche fermement opposée à l’exploration, avant de considérer six mois plus tard que la refuser revient à « avoir une vision d’âge de pierre » (sic).

Quid de l’opinion « actuelle » de la patronne du FN ? « On ne peut pas ne pas explorer, mais nous ne sommes pas en position d’exploiter ». Limpide. (...)

Dans un entretien, Eric Dillies, conseiller régional Nord Pas de Calais, décrit la journée type d’un citoyen qui vivrait sous la présidence de Marine Le Pen. Les propositions contradictoires s’y entremêlent. D’un côté, une agriculture 100 % bio et locale, et des paysages préservés. De l’autre, la construction de nouvelles routes pour réduire les embouteillages, la construction de dix grandes villes à 150 kilomètres de Paris et la destruction des « cités » remplacées par des pavillons de deux étages. Difficile avec un tel programme de lutter contre la bétonisation des terres agricoles... En février 2011, le groupe FN en Nord-Pas-de-Calais s’est d’ailleurs opposé au Plan Forêt en expliquant que les résultats seraient « de toute manière lamentables, puisqu’une fois plantées les nouvelles forêts, on ne tardera certainement pas à les raser pour construire de nouvelles zones pavillonnaires ». Avec une telle conception de l’aménagement du territoire, la France risque d’être recouverte de bitume d’ici 2050 ! (...)

Alors que les pics de pollution se multiplient, l’évocation d’ « alternatives ferroviaires efficaces aux déplacements mécanisés individuels », fait bondir Maurice Faurobert, élu FN en Rhône-Alpes. « Est-il donc devenu essentiel d’entraver la liberté du citoyen à se déplacer comme il veut quand il veut ? », interroge-t-il en décembre 2011. (...)

Dans sa stratégie de conquête du pouvoir et de « dédiabolisation », Marine le Pen se fait la chantre des victimes de la crise. Mais dans l’hémicycle de la région Paca, c’est la contradiction totale. Lors de la plénière du 25 octobre 2013, les élus Front de Gauche ont proposé trois motions, pour soutenir des salariés de la région Paca menacés de licenciement. Il s’agit des 200 employés du journal Nice-Matin, des Fralib, qui luttent depuis trois ans pour la reprise de leur usine de thés et tisanes Éléphant en coopérative, et des Moulins Maurel. Les élus FN se sont abstenus lors de ces trois votes. En juin 2013, ils se sont aussi opposés à un vœu pour le maintien de l’emploi et des activités industrielles en région Paca, dans lequel étaient notamment mentionnés la suppression de 600 emplois dans la compagnie maritime SNCM. (...)