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Blog de Paul Jorion
Naomi Klein : Maintenant, répliquons à la politique de la peur
Naomi Klein : Maintenant, répliquons à la politique de la peur, paru dans The Guardian le 10 juin 2017. Traduction française : Timiota
Article mis en ligne le 14 juin 2017

Chocs politiques, chocs de sécurité, chocs climatiques, – si instable que le monde nous apparaisse aujourd’hui, cela pourrait devenir bien pire demain. Mais nous pouvons nous unir pour un futur meilleur.

Choc, c’est un mot qui n’a cessé de revenir depuis que Donald Trump a été élu en novembre 2016 : pour décrire le suffrage faisant mentir les sondages, pour décrire l’état émotionnel de pleins de gens observant son ascension vers le pouvoir, et pour décrire son approche en mode blitzkrieg de l’art de la politique. « Un choc pour le système », c’est précisément ainsi que sa conseillère Kellyane Conway a constamment décrit la nouvelle ère.

Depuis deux décennies maintenant, j’ai étudié les chocs de grande échelle subis par les sociétés : comment ils arrivent, comment ils sont exploité par les politiciens et les castes, et comme ils sont même délibérément accentués de façon à tirer profit d’une population désorientée. J’ai aussi longuement parlé de la contrepartie de ce processus : comment les sociétés qui parviennent à une compréhension d’une crise qu’elles partagent sont capables de changer le monde pour le meilleur.

Observant l’ascension de Donald Trump, j’avais un sentiment étrange. Ce n’est pas seulement qu’il serait en train d’appliquer la politique du choc à la nation la plus puissante et la plus armée sur terre ; c’est davantage que cela. A travers des livres, des films documentaires et des enquêtes journalistiques, j’ai documenté un ensemble de tendances : l’ascension des « supermarques », l’extension du pouvoir des fortunes privées dans le système politique, la mainmise globale du néolibéralisme, mettant souvent à profit le racisme et la peur de l’« autre » comme un outil puissant, les impacts nocifs du commerce sans entrave des multinationales, et l’emprise profonde que le courant climato-sceptique a gagnée sur l’aile droite de l’éventail politique. Et quand je me suis mis à scruter Trump, il a commencé à ressembler au monstre de Frankenstein, fait d’un empiècement de morceaux du corps venant de toutes ces tendances à haut danger et de beaucoup d’autres. (...)