
« Ne vous suicidez pas ! Rejoignez-nous ! » : ce slogan adressé aux policiers, entendu lors des manifestations des 13 et 20 avril, était sans doute incompatible avec le prêt-à-condamner dominant… C’est pourquoi les commentateurs professionnels ont préféré l’oublier pour se mobiliser exclusivement contre le pire – « Suicidez-vous ! » – scandé par quelques dizaines de personnes en fin de manifestation sur la place de la République. Indignation générale et escalade verbale.
Dès le samedi à 16h, à peine avait-elle eu lieu, la scène fut diffusée en boucle notamment sur les chaînes d’information en continu.
… prélude à une nouvelle diffusion en boucle de la scène et des condamnations…
… suivie dans la soirée et pendant toute la journée de dimanche des débats pompeusement présentés comme des « décryptages ».
Pour ne pas accabler nos lecteurs, nous reproduisons en annexe seulement quelques indices de ce matraquage.
Entre temps, les éminences de l’éditocratie purent, tout à loisir, condamner ce qui est condamnable en omettant consciencieusement ce qui ne l’est pas ! (...)
De semaine en semaine, lors de chaque manifestation (ou presque) des gilets jaunes, c’est le même spectacle qui est offert par les grands médias. Des scènes de violences et d’agressions verbales, de préférence marginales et minoritaires, sont chargées de livrer le sens du mouvement dans son ensemble. Inutile, dans ces conditions, de s’informer pour informer : il suffit de bénéficier des échanges entre commentateurs professionnels pour commenter à son tour [7].
La fabrique des « débats » et des « polémiques » peut alors fonctionner à plein régime.
« Comment les gilets jaunes sont-ils devenus antisémites ? » « D’où vient l’homophobie des gilets jaunes ? » « Pourquoi la haine anti-flic gagne-t-elle les manifestants ? » Questions de pure rhétorique auxquelles il est vain de tenter de répondre puisqu’elles reposent sur des généralisations abusives qui n’ont d’autre effet que de jeter le discrédit sur le mouvement que l’on fait mine d’expliquer. (...)