
Comme vient de l’illustrer la 5ème condamnation de la France par la Cour de justice des communautés européennes pour non respect des obligations contractées au titre de la directive « nitrates » datant de 1991, l’échec accablant de la politique française de l’eau nous expose à d’inévitables poursuites et condamnations dans les années à venir. Elles se chiffreront au total en centaines de millions d’euros (que Bercy a du reste déjà provisionnés…).
Le lobby de l’eau, qui s’oppose avec succès depuis des décennies à toute réforme véritable d’une politique publique sinistrée, vient de surcroît de convaincre le gouvernement de faire payer les amendes colossales dont nous allons écoper… aux collectivités locales ! Et partant aux usagers et contribuables qui, après avoir vu leur environnement dévasté, devront payer le coût de la scandaleuse impéritie de l’Etat face aux lobbies, au premier rang desquels la profession agricole !
Un aboutissement.
Après avoir œuvré sans relâche à démanteler patiemment tous les outils de l’intervention publique qui auraient seuls permis d’éviter le désastre.
Après avoir contraint les laboratoires publics départementaux d’analyse et les Satese à la concurrence, couvert le scandale de l’Onema,
poursuivi le démantèlement de l’ingénierie publique,
confié l’essentiel de la recherche au secteur privé via les « pôles de compétitivité »,
anéanti la police de l’environnement,
mis en œuvre la RGPP puis la MAP,
enseveli toute perspective de réforme de la politique de l’eau en 2013, conduit à bien le transfert autoritaire des compétences « GEMAPI » au bloc communal,
préparé à l’identique le transfert de la protection des captages aux communes,
engagé le démantèlement du droit de l’environnement,
ne restait plus qu’à exonérer l’Etat de toute responsabilité - et donc le rendre encore plus irresponsable afin de rendre inéluctable l’abandon de toutes les politiques publiques de l’environnement aux appétits du secteur privé - qu’à contraindre les collectivités à supporter les conséquences financières des condamnations, justifiées, de la France par la Commission européenne ! (...)