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Non, le bois n’est pas une énergie miracle
Article mis en ligne le 13 mai 2015
dernière modification le 6 mai 2015

Le bois représente la moitié de la consommation d’énergies renouvelables en France : 10 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep) par an, soit 4 % du total de l’énergie primaire consommée. Ces dix millions pèsent le double de l’hydraulique et six fois plus que l’ensemble éolien/solaire. Dans le monde, le bois de feu fournit environ 350 millions de tep par an (soit 10 % de la production pétrolière), essentiellement en Asie, Afrique et Amérique du Sud.

Cela mérite que l’on s’y intéresse : car des visions d’un peu trop haut conduisent vite à des désastres économiques et environnementaux. Nous sommes ainsi sous la menace de la vision simpliste qui semble prévaloir dans nos instances dirigeantes françaises : partant de l’idée que le gisement français est abondant et sous-exploité, elles ont choisi de le stimuler par le développement de très grosses unités de production de chaleur, ou combinées électricité/chaleur.

La consommation de bois pour production de chaleur et d’électricité augmente donc significativement, grâce à ces gros projets. Ainsi ceux de Gardanne (850 000 t de bois par an), dans les Bouches du Rhône, ou du Blosne, à Rennes (120 000 t, le quart de la ressource estimée en Bretagne), assèchent, dans des régions sensibles, les canaux d’approvisionnement de chaufferies de taille plus faible, pour finalement recourir à des importations massives par voie maritime. Il est indispensable de sortir de cette vision simpliste.

Voici quelques points clé, dont la méconnaissance nuit gravement tant aux projets individuels qu’à la filière bois aux échelles régionale et nationale :

• Aujourd’hui, tous les projets de production de chaleur et d’électricité à partir du bois ne sont compétitifs face aux autres sources d’énergie que grâce à des mécanismes de soutien (...)

• Sur un autre plan, la combustion du bois est beaucoup plus délicate que celle du gaz naturel par exemple. Il peut en résulter des rendements énergétiques dégradés et des risques d’endommagement des installations et de pollution (...)

. Enfin, la densité énergétique de ce produit est faible : il faut 12 m³ de plaquettes de bois (utilisées pour l’alimentation des grosses chaudières), pesant de 3 à 5 tonnes selon le taux d’humidité, pour obtenir une tep (tonne d’équivalent pétrole), quand le volume d’une tonne de pétrole est sensiblement de 1,1 m³. On voit donc l’incidence majeure du transport (...)

Cette rapide revue débouche sur quelques recommandations pratiques mais qui semblent dépasser l’entendement de certains. Notamment :

• La proximité de la filière d’approvisionnement en bois donne, quand sa maîtrise est difficile à obtenir (propriété des boisements, contrats à long terme), un avantage concurrentiel (pas de coût de transport).

• Les choix des matériels doivent se faire en étroite considération du combustible dont on sait pouvoir disposer dans de bonnes conditions économiques. Être obligé d’adapter a posteriori le combustible à la chaudière est en général un désastre économique. (...)