Gérald Darmanin avait obtenu des faveurs sexuelles en échange d’une promesse d’aide, il a bénéficié d’un non-lieu en appel. L’affaire sera portée devant la CEDH s’il le faut. La France a été souvent condamnée pour des décisions sexistes.
« En avant pour la cassation avant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) qui mettra à la France, c’est absolument certain, la gifle qu’elle mérite depuis longtemps sur ce dossier en particulier, et sur le sujet des violences sexuelles » : l’avocate M° Elodie Tuaillon-Hibon a bien l’intention de faire évoluer la jurisprudence concernant les affaires d’agressions sexuelles par des hommes de pouvoir en France. (...)
Depuis 2017, sa cliente, Sophie Patterson-Spatz mène une action en justice contre celui qu’elle accuse de l’avoir violée en 2009. La plaignante avait, cette année-là, demandé de l’aide à Gérald Darmanin, alors chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP (devenu Les Républicains depuis). Selon elle, il lui avait fait miroiter lors d’une soirée, son possible appui et avait demandé en échange une relation sexuelle.
Une conversation par SMS entre eux quelques mois plus tard est éclairante. Sophie Patterson-Spatz écrit : « Abuser de sa position. Pour ma part, c’est être un sale con. (…) Quand on sait l’effort qu’il m’a fallu pour baiser avec toi. Pour t’occuper de mon dossier. » Et Gérald Darmanin répond : « Tu as raison, je suis sans doute un sale con. Comment me faire pardonner ? »
Mais la cour d’appel de Paris a confirmé, mardi 24 janvier, le non-lieu rendu en juillet 2022. Cette confirmation intervient après une audience qui s’est tenue à huis clos le 13 décembre dernier, en l’absence des deux protagonistes. Selon l’Agence France-Presse, le ministère public écartait « l’hypothèse d’accusations mensongères ou malveillantes » de Mme Patterson-Spatz, mais estimait qu’« il ne peut être considéré qu’[elle] n’a pas consenti à l’acte sexuel ».
La définition juridique du viol est : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise ». Son interprétation est sujette à discussion. L’avocate de la plaignante évoque un rapport sexuel « extorqué », « ni libre, ni consenti » et veut bousculer les habitudes de la justice sur les affaires d’agressions sexuelles par les hommes de pouvoir.
La France a déjà été épinglée à plusieurs reprises par des instances internationales pour avoir rendu des jugements fleurant le sexisme. (...)