
Après le verdict du Tribunal de Saint-Nazaire, qui permet désormais de détruire légalement les nouvelles cabanes érigées sur un terrain de la ZAD de Notre Dame des Landes, préfecture et militants retiennent leur souffle. La première se prépare à lancer de nouveau ses légions dans le bocage - avec un nouveau général, Françoise Souliman, plus tenace que le précédent - et les autres érigent des barricades. La mobilisation a grossi sur place (500 occupants environ) et s’étend à travers les collectifs de soutien qui se multiplient sur tout le territoire, ainsi que les soutiens artistiques et autres.
(...) En prévision de l’attaque, la préfecture de Loire-Atlantique a signé des arrêtés interdisant le transport sur la zone de produits inflammables, ainsi que les outils et matériaux de construction - à la légitimité douteuse que la justice, avant de rendre les constructions illégales, ne pouvait valider - voilà de quoi maintenir la pression sur les agriculteurs réfractaires et les zadistes, mais n’empêche nullement la poursuite des constructions. Venant des porteurs du projet d’aéroport, on ne s’étonnera pas de ce nouveau contournement de la loi tant l’ensemble en est truffé. Les médias alternatifs et les blogs militants ont largement épluché ces questions depuis un mois et demi, voire plus, relevant une étrange conception de la concertation, de la loi, de la notion de démocratie, des bilans financiers truqués et du détournement systématique des avions pour survoler le centre-ville de Nantes alors que c’est rarement nécessaire. Il y aurait de nombreuses nouvelles plaintes et recours judiciaires à déposer contre le conglomérat public-privé. (...)
Au-delà de cette bataille, qui aura nécessité une gigantesque manifestation et la brutalité inqualifiable de l’État pour percer la chape médiatique, un conflit plus vaste encore se dessine : le ras-le-bol généralisé envers la collusion des élites au pouvoir avec les industriels. Peu l’expriment ouvertement, tant la propagande médiatique et culturelle est pesante.
Les militants contre le projet d’aéroport ne défendent pas seulement le coin de nature promis au béton, ils luttent pour le développement d’un nouveau mode de vie, plus simple, plus respectueux de l’environnement et de la gestion des ressources naturelles et surtout à l’écart du monde mercantile décadent.
Sur le terrain, le passage de nombreux sympathisants s’est accru depuis le début de l’opération « César ». Ils ont découvert tous ensemble une autre manière de vivre. (...)
