Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
la libre.be
"Nous les avons déjà laissés partir une fois et regardez combien il en reste" : des épouses russes s’opposent...
#guerreenukraine #russie #mobilisation
Article mis en ligne le 16 novembre 2022

À Starobilsk, ville appartenant à la région occupée de Louhansk, de nombreuses femmes de soldats russes se sont insurgées contre l’armée, comme le rapporte le journal Het Nieuwsblad.

Des images témoignent du cri de désespoir de ces épouses qui craignent une nouvelle hécatombe : "Laissez-les rentrer à la maison", réclament-elles. La complainte des femmes est unanime et pointe directement du doigt l’armée russe et Poutine, les blâmant d’avoir abandonné leurs maris et de les avoir laissés partir en guerre pour mourir.

Dans une unité spécifique de 200 soldats, seuls 30 seraient encore en vie.
Un cri de colère

Les épouses font bloc pour empêcher le départ de leur mari : "Nous les avons déjà laissés partir une fois et regardez combien il en reste maintenant. Nous ne laisserons pas cela se reproduire", protestent-elles. Le commandant tente de se justifier. "J’ai reçu l’ordre de vous emmener à un point de rencontre et là vous aurez une conversation, explique-t-il. Vous devez comprendre que vous êtes des soldats."

Mais les épouses n’en démordent pas. "Nous ne les laisserons plus. Nous n’avons plus confiance en vous", proteste une femme.

La fureur des femmes est notamment alimentée pour la violence de l’armée russe face aux déserteurs : "Parfois, ils doivent se cacher sous le cadavre d’un camarade pour ne pas être découverts", raconte une femme. Une autre déclare que "celui qui ne veut pas se battre se retrouve pieds et poings liés et reçoit une arme pressée contre sa tête".

Des expéditions pour sauver des vies

De nombreuses épouses ont décidé de quitter Belgorod, ville russe frontalière de l’Ukraine, pour tenter de sauver leurs maris. Celles-ci ont alors marché plus de 200 kilomètres pour découvrir une unité déjà sérieusement affaiblie. (...)

Un échec sur le dos de Poutine

Parmi les survivants figurait Aleksei Agafonov, un soldat russe faisant partie des conscrits. Celui-ci a livré un rapport glaçant au Guardian, racontant comment leur commandant les a fait creuser des tranchées pendant toute la nuit avant de se faire attaquer : "La plupart de notre unité est partie, détruite. C’était l’enfer", déclare-t-il.

Un autre soldat se plaint d’avoir été laissé "complètement exposé alors que des centaines d’entre eux sont morts".

Cet échec suit la mobilisation partielle des quelques centaines de milliers de conscrits par le président Vladimir Poutine, et beaucoup de Russes s’en souviennent. (...)

Une blogueuse russe, Anastasia Kashevarova, reproche directement au président russe le manque de préparation de ses troupes. "Le résultat de la mobilisation est que des gars non formés sont jetés sur la ligne de front. Vous nous avez dit qu’il y aurait une formation, qu’ils ne seraient pas envoyés sur la ligne de front en une semaine. Avez-vous encore menti ?", écrit-elle sur Telegram.

Alexandre Douguine, ce nationaliste d’extrême droite qui avait perdu sa fille Darya en août dans un attenat à la bombe, semble lui-même s’opposer au président Vladimir Poutine. (...)

Lire ausi :

En Russie, sœurs, mères, épouses protestent contre l’envoi des hommes au front

Dans les manifestations contre la mobilisation militaire décrétée par Vladimir Poutine, les femmes sont largement majoritaires. La contestation monte dans les régions peuplées de minorités ethniques.

À Yakoutsk, capitale régionale de la Yakoutie en Sibérie orientale, c’est sous la forme d’un rituel sakha que la manifestation contre la mobilisation militaire « partielle » décrétée par Vladimir Poutine quatre jours auparavant a pris corps dimanche 25 septembre sur l’une des places centrales de la ville de 320 000 âmes.

Plus de cinq cents femmes se sont rassemblées et ont lancé l’« Osuokhay », une ronde traditionnelle où les danseurs se tiennent par la main et se déplacent d’un pied sur l’autre en cercle en répétant les chansons entonnées par le meneur. Dans cette région habitée la plus froide du monde, grande comme 5,5 fois la France pour à peine un million d’habitants, l’ethnie sakha (appelée aussi yakoute) constitue la moitié de la population.

« Non à la mobilisation ! », « On ne donnera pas nos pères, nos maris, nos fils », « On est pour la paix », « Laissez vivre nos enfants » scandaient en rythme des femmes de tout âge sous un temps frais et pluvieux (voir la vidéo ici). « On a commencé par un petit cercle. Peu à peu, tout le monde l’a rejoint et l’a agrandi puis d’autres cercles se sont formés à l’intérieur. Les paroles étaient très fortes. On était tous plus unis que jamais », relate Svetlana, l’une des participantes. « À ce moment-là, je me suis sentie forte et fière de nous. »

Les forces de l’ordre ont d’abord laissé faire avant d’intervenir. Quelque vingt-quatre interpellations ont été recensées par l’ONG spécialisée OVD Infos. Dans les médias locaux fidèles aux autorités de la République de Sakha (nom officiel de la Yakoutie), la manifestation a été présentée comme une danse destinée à soutenir les hommes qui partent à la guerre, évoquant des provocateurs qui auraient gâché l’événement.

« C’est un mensonge. Nous sommes contre la guerre. Chacune de nous a crié pour qu’ils arrêtent cette guerre et que le chef de notre République réagisse », s’insurge Svetlana. Cette femme sakha, qui préfère ne pas donner de détails sur son âge ni sa profession, n’a pas hésité une seconde avant d’aller manifester.

« Beaucoup de gens sont en panique. Ils veulent se couvrir la tête d’une couverture et ne rien entendre, mais nous sommes directement touchés. Nos proches sont entraînés vers la mort. Je me bats pour la vérité et pour leur vie. » La mobilisation annoncée de trois cent mille réservistes pourrait, selon plusieurs sources, concerner en réalité plus d’un million de personnes. (...)