
L’armée malienne sera-t-elle en mesure de se reconstruire ? Sera-t-elle capable d’assurer la sécurité du pays et de ses citoyens, une fois l’intervention militaire française terminée ? C’est loin d’être sûr, tant elle est le reflet des inégalités sociales, de la corruption et du clientélisme qui gangrènent le pays. Reportage auprès de soldats et de gendarmes maliens, abandonnés par leurs chefs, et qui ne sont même pas certains de pouvoir manger le lendemain.
(...) « Nous, les soldats maliens, sommes des morts-vivants » C’est ainsi que se décrit Moussa [1], jeune engagé malien de 25 ans. Nous sommes à Diabali, la dernière ville du nord à avoir été conquise par les rebelles le 14 janvier 2013. Moussa a participé à la défense de la ville. Les soldats maliens ont vite été débordés par les rebelles, certes moins nombreux, mais disposant d’une puissance de feu et d’une expérience du combat largement supérieures. En quelques heures, sept militaires maliens sont tués, dont un ami de Moussa, Issa Angwéba, 29 ans. Si Moussa en a réchappé, « ce n’est pas grâce à mes supérieurs, précise-t-il. Ils nous ont bien donné de nouvelles armes et du matériel, mais ils ne nous pas laissé le temps de les tester. » Lorsqu’ils réalisent qu’ils ne peuvent plus tenir leur position, qu’ils ne recevraient pas de renforts et, surtout que leurs supérieurs « avaient eux-mêmes fui », Moussa et ses frères d’armes décident d’abandonner leur position, de retirer leur uniforme et de se replier sur Markala, plus au Sud.
Ce type de témoignages abonde au sein de l’armée malienne. Combats après combats, ce n’est pas tant de courage dont les soldats maliens ont manqué face aux rebelles armés, mais bien de soutien, de préparation, d’organisation et de commandement compétent. Car l’armée malienne, comme l’ensemble des forces de sécurité, est le reflet des inégalités sociales, et des jeux de pouvoir et de corruption qui caractérisent le Mali.
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« Chaque fois que les militaires réclament le respect de leurs droits, ils se font qualifier de révolutionnaires et sont souvent mis aux arrêts » (...)