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Nous ne sommes pas des fablabs !
Signataires : L’Atelier de Bidouille Informatique Libre de Grenoble (ABIL), L’Atelier Fluo, L’Alternateur, La Mathériauthèque de Fontaine, uN p’Tit véLo dAnS La Tête
Article mis en ligne le 19 mars 2021
dernière modification le 18 mars 2021

Bricolage, informatique, sérigraphie, vélo, mécanique, nous sommes un rassemblement hétéroclite d’ateliers associatifs des alentours de Grenoble. Dans ces ateliers, que nous animons au quotidien, on imprime des affiches, répare des vélos, fabrique des étagères… et 1000 autres choses. Ouverts au public, hétérogènes, ce sont des lieux d’échange de connaissances et de savoir-faire, où l’on mutualise des compétences et du matériel, où l’on apprend à faire et, enfin et surtout, où l’on fait.

Depuis le début du succès fulgurant des fablabs, il nous est régulièrement arrivé d’y être assimilé sans distinction, alors qu’il ne nous semble pas du tout aller dans le même sens…
C’est pourquoi nous souhaitons définir ce que nous faisons au quotidien et mettre en évidence les lignes de clivage qui permettent de distinguer nos lieux des fablabs. Nous nous sommes dit que ça pouvait être l’occasion pour chacun-e de mieux comprendre le fonctionnement et l’état d’esprit de nos ateliers !
Mais d’abord, qui sommes-nous, que faisons-nous ?

Dans nos ateliers, nous tâchons autant que possible de partager le savoir (...)

Depuis le début du succès fulgurant des fablabs, il nous est régulièrement arrivé d’y être assimilé sans distinction, alors qu’il ne nous semble pas du tout aller dans le même sens…
C’est pourquoi nous souhaitons définir ce que nous faisons au quotidien et mettre en évidence les lignes de clivage qui permettent de distinguer nos lieux des fablabs. Nous nous sommes dit que ça pouvait être l’occasion pour chacun-e de mieux comprendre le fonctionnement et l’état d’esprit de nos ateliers !
Mais d’abord, qui sommes-nous, que faisons-nous ?

Dans nos ateliers, nous tâchons autant que possible de partager le savoir. Nous ne mettons aucun frein à l’apprentissage, nous poussons à l’expérimentation : tout est transmissible et surtout accessible. Personne n’est indispensable dans nos collectifs, personne n’est détenteur d’un savoir qui ne pourrait être transmis aux autres, notre objectif est de construire un savoir global possédé par le lieu, le collectif, plutôt qu’un savoir possédé par des personnes fréquentant le lieu.

Nous avons conscience de la violence des rapports sociaux. Nous œuvrons pour une horizontalité des rapports même si celle-ci est difficile à construire. Nous tâchons d’éviter tout forme d’autoritarisme ou rapport de subordination quel qu’il soit, de prendre nos décisions collectivement et de nous engager contre toute forme de discrimination. (...)

Et alors ? C’est quoi notre problème avec les fablabs ?

Nous n’avions jusqu’à aujourd’hui pas éprouvé le besoin de définir nos pratiques. Elles se suffisaient à elle-mêmes. Une fois expliqués à chacun et chacune, les principes de fonctionnement du lieu et la place des outils, nul besoin de discours ou de longs manifestes…
Mais récemment ont émergé ces soi-disant nouveaux lieux qui se revendiquent également de certaines valeurs qui nous animent depuis des années : autonomie, Do It Yourself, collectif, coopération, partage de savoir… Ils s’appellent souvent fablab, coworking, makerspace, tiers lieux.

Ces points communs ne suffisent pas à nous mettre dans le même panier. Trop d’aspects importants à nos yeux nous séparent car, derrière ces éléments de langage (similaires) se cachent en fait de purs produits de la start-up nation et du néocapitalisme.
Face à cette redoutable campagne de communication, à la récupération politique économique et entrepreneuriale de ces mots et à toute la confusion que cela génère, une défense argumentée paraît alors nécessaire. Il s’agit de s’opposer au détournement des mots, de nous les réapproprier si nécessaire, d’en avancer notre propre définition.

Au vu de ce qui précède vous comprendrez peut-être mieux notre agacement à être parfois comparés à des fablabs ou à des espaces de coworking. Que ce soit par les buts que nous nous donnons, nos manières de fonctionner, nos rapports à la technologie, aux institutions, à l’argent, à l’emploi, nous avons bien l’impression de n’avoir pas grand-chose en commun, à part d’être des espaces où des gens peuvent utiliser du matériel.

Nous restons critiques face à la techno-béatitude ambiante et l’innovation aveugle. (...)

Pour masquer la violence des rapports sociaux qu’elle véhicule, la start-up nation a besoin de s’enrober d’un vernis cool, d’un vocabulaire, d’une culture qu’elle emprunte à droite et à gauche. Or nous ne sommes pas disposés à servir de réservoir d’éléments de langage pour cela.