Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
« Nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre que tout tient grâce à nous et… malgré eux »
Ces extraits sont tirés du livre #OnVautMieuxQueÇa, publié le 28 avril chez Flammarion,
Article mis en ligne le 3 mai 2016

Et si nous racontions notre quotidien au travail, nos difficultés et nos humiliations, nos attentes et nos espoirs ? C’est l’appel lancé fin février par un groupe de youtubeurs, pour dénoncer le projet de loi Travail. Depuis, #OnVautMieuxQueCa est devenu un cri de protestation, rassemblant les témoignages de centaines de jeunes qui réclament une vie plus digne

Quelques-uns des initiateurs de cette mobilisation publient un petit manifeste. « Qu’attendre des "experts" et des "dirigeants" qui, depuis 30 ans, proposent les mêmes solutions pour sortir d’une interminable crise ? » , demandent-ils. Et si nous vivions le début d’un « retournement de perspective, dans un débordement des formes de pensées, d’actions et d’organisation traditionnelles, qui partirait des citoyens ordinaires ? »

Extraits choisis. (...)

En posant un regard différent sur l’actualité, les discours médiatiques et certaines initiatives politiques, nous cherchons à diffuser des idées qui nous ont nous-mêmes aidés à y voir plus clair. Engagés mais pas partisans, indignés mais pas agressifs, bienveillants mais pas naïfs, nous voulons créer des espaces où l’on se retrouve pour aiguiser notre esprit critique, où l’on réalise tout ce qui nous rassemble, où l’on se partage informations et connaissances.

Il faut remercier le projet de loi El Khomri d’avoir été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de notre indignation et nous a réunis avec d’autres autour de l’initiative #OnVautMieuxQueCa. Alors que nous étions chacun révoltés mais isolés, ce fut l’occasion d’inscrire notre projet collectif dans un mouvement plus vaste dont il ne fut ni l’initiateur, ni le moteur, ni le cerveau, mais un carburant parmi d’autres.

***

« Ces gens-là ne nous croisent jamais, ne nous voient jamais. Ils envisagent notre monde de beaucoup plus loin, de beaucoup plus haut. Ils nous réduisent au feu doux de la statistique. Pour eux, nous sommes un chiffre, une variable, un indicateur. Rien d’étonnant alors à ce qu’ils nous condamnent sans ciller. Ce n’est pas nous qu’ils voient, mais une équation qu’ils équilibrent. Et quand nous ne sommes pas des chiffres, nous sommes réduits au rang de maillon dans une chaîne de production. Voilà leur autre manière de nous considérer.

Ils ont mis le monde en règles, en plans, en procédures. Ils nous demandent de rentrer dans les cases de ces tableaux sans comprendre. Leurs plans sont tellement détachés du terrain que si les appliquait scrupuleusement, on en viendrait souvent à suivre des ordres incohérents, absurdes et, dans le pire des cas, contradictoires. Où est la logique quand on doit louper un entretien d’embauche parce que Pôle emploi refuse de décaler un rendez-vous – expérience vécue ? Et pendant cet entretien, pourquoi doit-on faire semblant de croire que oui, on saura prendre des initiatives (mais sous la validation du manager) et aussi jouer collectif (tout en étant payé à la performance individuelle) ? » (…)

nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre que tout tient grâce à nous et… malgré eux. On est de plus en plus nombreux à comprendre qu’on rend déjà le monde plus vivable que ce à quoi leurs décisions nous destinent. Et, en plus, on commence à se croiser les uns les autres. Certes, on peut parfois avoir l’impression d’être seul dans cette réalité, mais il suffit de lever les yeux pour reconnaître tous ceux qui la vivent aussi. Notre exaspération et nos aspirations, loin d’être marginales, sont en réalité partagées par une très grande majorité de personnes qui s’y reconnaissent.

Nous commençons à comprendre : nous ne sommes pas seuls, nous sommes le monde qui tourne, nous sommes déjà ensemble. En en prenant conscience, en nous reconnaissant dans l’autre, nous devenons plus qu’une somme d’individus esseulés. Nous devenons une force créatrice. »
« Nous exigeons des vies dignes »

« Ceux qui voudraient que les désirs égoïstes fassent tourner le monde ont déjà échoué. Le mal-être qui nous afflige aujourd’hui, c’est l’effondrement d’un ancien monde devenu trop froid et arrogant, aux valeurs dépassées et aux schémas de pensée étriqués. Leur « crise », c’est leur fin, mais surtout notre début. Le monde d’après est celui qu’on construit jour après jour.
(...)

Ce balbutiement de la conscience laisse peu à peu place à une voix forte et assurée. On se parle, on est des millions à signer une pétition, à nous saisir d’un cri : « On Vaut Mieux Que Ça », à se faire héros et héroïnes de notre réalité commune. On est ceux qui, en uniforme ou en blouse blanche, protègent et défendent les vies.

On est ceux qui portent l’exigence de la qualité et du travail bien fait lorsqu’il s’agit de la terre qui nous nourrit. On est ceux qui protègent le droit à travailler dans des conditions dignes. On est les anciens qui se chargent des petits que la crèche n’accueille plus. On est les jeunes que les difficultés matérielles n’empêchent pas de vouloir apprendre et se former pour être utiles au monde de demain.

On est ceux qui transmettent leurs savoirs. On est ceux qui tentent de rendre le monde un peu moins gris en créant. On est ceux à qui on ne laisse pas de place mais qui construisent quand même. (...)