
Dans son excellent article du Monde, « Moi, Mustapha Kessous, journaliste au "Monde" et victime du racisme », Mustapha Kessous décrit quelques brimades dont il a été victime dans sa vie et sa carrière. Nous sommes beaucoup à avoir subi le racisme ordinaire et ce papier, touchant et juste, m’a fait comprendre qu’il était de notre devoir à tous de témoigner. Cette réalité quasi-quotidienne, nous avons fini par l’accepter alors à quoi bon en parler ? Les échos à cette tribune me prouvent que le récit de nos turpitudes de Français d’origine immigres ou d’immigres a un sens. Je n’ai jamais raconté la plupart des faits ci-après ; l’humiliation est un plat amer qu’on ne se vante pas d’avoir goûté. ...
...Aujourd’hui je suis aux Etats-Unis pour un programme d’écriture internationale regroupant des écrivains de 36 nationalités. Aux yeux de tous, je suis le Français. On me renvoie toutes les caricatures, du béret à Edith Piaf, de la baguette de pain à l’intellectuel germanopratin… Et même au sauciflard et au vin. Je souris du sublime paradoxe de n’avoir jamais été aussi français, pays de ma naissance, qu’à l’étranger....
...Me taire était une erreur. Bout à bout, la séquence des événements à un sens, celui d’une bête immonde dont le ventre est encore fécond. Ce n’est pas supportable alors parlons-en.