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Nouveaux OGM : l’Europe mobilise (à nouveau) des scientifiques
Article mis en ligne le 31 mars 2017
dernière modification le 30 mars 2017

Selon la ministre française de l’Environnement, Ségolène Royal, la Commission européenne a annoncé aux États membres qu’au cours du premier semestre 2017, « un nouveau mécanisme d’évaluation scientifique » aborderait la question du statut réglementaire des produits obtenus par de nouvelles techniques de modification génétique (nouveaux OGM). En effet, dix ans après le lancement de la réflexion au sein des instances européennes, la Commission européenne a lancé ce second chantier scientifique. Cet article décrit les objectifs d’un rapport attendu dans les heures ou jours qui viennent.

(...) Le Mécanisme de Conseil scientifique [1] a été mis en place fin 2015 pour notamment « fournir à la Commission des conseils scientifiques indépendants sur certaines questions de politique [… et] aider la Commission à déterminer pour quelles questions de politique des conseils scientifiques indépendants sont nécessaires » [2]. Nommés pour une durée de deux ans et demi, ses membres sont au nombre de sept (voir encadré ci-dessous) et se réunissent « quatre à six fois par an », sachant que la Commission « peut inviter des experts qui ont des compétences spécifiques sur un sujet inscrit à l’ordre du jour à participer aux travaux du groupe ». (...)

Le SAM doit s’exprimer sur les nouvelles techniques de modification génétique

Le 25 novembre 2016, le SAM recevait donc de la Commission européenne une saisine sur les « nouvelles techniques en biotechnologie agricole ». Selon cette saisine, la SAM doit « fournir une note explicative sur les nouvelles techniques en biotechnologie agricole dont leur potentielle utilisation agricole en biologie de synthèse et forçage génétique ». Et de détailler deux axes principaux attendus : « les caractéristiques clefs des nouvelles techniques » et « une comparaison avec les techniques actuelles ». (...)

pour accomplir son travail, le SAM peut consulter d’autres acteurs que sont « les académies européennes et la communauté scientifique »...
Des parties prenantes déjà positionnées ?

Cette possibilité a bel et bien été exploitée puisque la lecture du compte-rendu de la réunion des 30 et 31 janvier 2017 du SAM nous apprend que « des experts du SAPEA contribuent activement à la rédaction de cette note explicative ». Le SAPEA est un projet de « conseil scientifique au service de la politique par les académies européennes » financé à hauteur de six millions d’euros sur quatre ans par la Commission européenne. Un projet qui rassemble cinq réseaux d’académies - Academia Europaea, ALLEA, EASAC, Euro-CASE et FEAM - et qui fournit « des employés et des experts » au SAM sur le sujet des nouvelles techniques [5]. Son coordinateur est Rudolf Hielscher, ex-membre entre autres du comité de pilotage d’un rapport publié en octobre 2016 par le Forum européen sur le risque intitulé « Preuve scientifique et gestion du risque ». Dans ce comité de pilotage, étaient également représentées les entreprises Chevron, DuPont, Bayer et BASF. Ce rapport indiquait avoir identifié certains problèmes dans l’évaluation scientifique comme « l’exclusion des experts ayant des liens avec les entreprises […], l’utilisation inappropriée du principe de précaution […], l’influence indue de l’opinion publique sur la sélection et l’interprétation de preuves scientifiques... » et recommandait un encadrement formalisé de la collecte de données scientifiques utilisables par les agences et administrations européennes.
Mais surtout, parmi les cinq réseaux composant le SAPEA, celui d’EASAC retient l’attention. L’EASAC est le Conseil consultatif des Académies des sciences européennes. Il n’est pas inconnu dans le dossier des nouvelles techniques puisqu’il demande à l’Union européenne « de déclarer que les produits issus des nouvelles techniques, lorsqu’ils ne contiennent pas d’ADN étranger, ne [soient] pas soumis à la législation sur les OGM » et que l’Union européenne réglemente « les produits et/ou caractéristiques agricoles, pas la technologie », et ce depuis 2013 [6] [7] [8].

Côté Commission européenne, impossible de savoir qui a contribué à la rédaction de l’avis qui doit sortir sous peu. Seule certitude, « les noms des académiciens nommés par le SAPEA pour assister le SAM […] seront rendus publics lors de l’adoption de la note explicative », de même que leur déclaration d’intérêt nous précise-t-on. (...)