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Noyés par la mer, cuits par le soleil : la vie dans un bidonville du Sierra-Leone
#SierraLeone #bidonvilles #urgenceclimatique
Article mis en ligne le 30 décembre 2022

À Freetown, capitale du Sierra Leone, les bidonvilles sont régulièrement inondés et cuisent au soleil — désordre climatique oblige. La ville a nommé une « responsable de la chaleur », une première sur le continent africain.

Dans le bidonville de Kroo Bay, situé face à la mer, 10 000 personnes vivent dans des conditions catastrophiques. À Freetown, capitale de la Sierra Leone, aux risques d’inondations, s’ajoutent les fortes chaleurs, invivables durant la nuit. La plupart des habitants ne peuvent pas dormir sous les tôles et sortent vers minuit pour se rafraîchir. (...)

Kroo Bay est le plus vaste bidonville de Freetown. Non loin de là, d’imposants immeubles côtoient quelques vieilles demeures héritées de la colonisation britannique. C’est ici qu’est installé l’hôtel de ville, un bâtiment flambant neuf d’une quinzaine d’étages. Dans son bureau, au treizième, Eugenia Kargbo observe par la fenêtre la baie. Quelques navires sont visibles à l’horizon, tout comme les bidonvilles où vivent les habitants les plus vulnérables aux effets du réchauffement climatique. Pour les protéger, cette Sierra-Léonaise de 35 ans a été nommée « responsable de la chaleur » en novembre 2021. (...)

Eugenia Kargbo pilote les politiques de la ville en matière d’écologie et de lutte contre les chaleurs extrêmes. Après Miami, Athènes ou encore Melbourne, Freetown a été la septième ville dans le monde à nommer un « responsable de la chaleur », la première du continent africain. « L’objectif est de travailler ensemble pour éveiller les consciences et faire en sorte que les gens ne meurent plus des chaleurs extrêmes », résume-t-elle. (...)

D’après une étude publiée en 2021 par The Lancet, les chaleurs extrêmes causeraient chaque année la mort de plus de 5 millions de personnes, un chiffre vertigineux qui a poussé ces villes du monde entier à mutualiser leurs efforts. (...)

En poste depuis plus d’un an, elle mise sur la végétalisation. « Nous plantons des arbres près de la mer pour protéger la côte de l’érosion mais nous avons besoin d’espaces verts en ville, où les gens peuvent se rafraîchir », détaille la jeune femme.

400 espaces verts ont donc été créés dans la ville : la coupe des arbres est prohibée et de jeunes pousses régulièrement plantées. Le plus impressionnant de ces « jardins urbains » se trouve à l’est du centre-ville, sur le site de la compagnie des eaux de Guma Valley où est stockée l’eau de la capitale.

À deux pas de la frénésie du centre-ville, le décor est bucolique. D’immenses manguiers bordent une longue allée ombragée où les promeneurs affluent. Assis à l’ombre des feuillages, Souleiman Kontah affiche un large sourire. Tous les jours après le travail, ce plombier de 42 ans s’extirpe de la torpeur urbaine pour profiter d’un peu de fraîcheur. « C’est de la climatisation naturelle, s’exclame-t-il. Il faudrait plus d’endroits comme celui-ci à Freetown. » (...)

En poste depuis plus d’un an, elle mise sur la végétalisation. « Nous plantons des arbres près de la mer pour protéger la côte de l’érosion mais nous avons besoin d’espaces verts en ville, où les gens peuvent se rafraîchir », détaille la jeune femme.

400 espaces verts ont donc été créés dans la ville : la coupe des arbres est prohibée et de jeunes pousses régulièrement plantées. Le plus impressionnant de ces « jardins urbains » se trouve à l’est du centre-ville, sur le site de la compagnie des eaux de Guma Valley où est stockée l’eau de la capitale.

À deux pas de la frénésie du centre-ville, le décor est bucolique. D’immenses manguiers bordent une longue allée ombragée où les promeneurs affluent. Assis à l’ombre des feuillages, Souleiman Kontah affiche un large sourire. Tous les jours après le travail, ce plombier de 42 ans s’extirpe de la torpeur urbaine pour profiter d’un peu de fraîcheur. « C’est de la climatisation naturelle, s’exclame-t-il. Il faudrait plus d’endroits comme celui-ci à Freetown. » (...)

À ces plantations d’arbres, s’ajoute la réhabilitation d’espaces urbains insalubres. « Il y a plus de soixante-huit décharges illégales d’ordures dans la ville, dit Eugenia Kargbo. Nous nettoyons ces sites et utilisons l’espace pour planter des arbres et des fleurs. » (...)

Des ombrelles métalliques pour abriter les vendeuses

À Freetown, tout le monde ne peut pas s’offrir un moment deOutre la chaleur, les inondations rendent la vie des habitants impossible. Le niveau de la mer augmente et se rapproche dangereusement des habitations à Freetown, ville située à flanc de montagnes. Durant la saison des pluies, les inondations sont fréquentes. En 2017, plus de 500 personnes ont perdu la vie lors de coulées de boue désastreuses. (...)

Chaque année, des milliers de Sierra-Léonais se demandent s’ils survivront durant ces pluies torrentielles. Dans le bidonville de Susan’s Bay, l’un des quartiers les plus pauvres de Freetown, des enfants se baignent dans l’océan au milieu des déchets. Les maisons en tôle semblent tenir debout par miracle. 4 500 personnes vivent dans ce quartier informel situé en bord de mer. Sans eau courante ni électricité, tous survivent comme ils peuvent. (...)

Tous sont conscients du risque d’habiter dans ce quartier mais n’ont pas les moyens de le quitter. (...)

Face aux inondations, les habitants apprennent à se débrouiller seuls. John Koroma habite dans le bidonville depuis dix ans. Devant la mer, il témoigne que l’eau vient également des sols lors des fortes pluies. Il construit désormais une maison en consolidant le sol de sacs plastiques comme il peut. « Je suis conscient de la montée des eaux, dit-il en posant un énième parpaing. Mais je n’ai pas d’argent pour partir d’ici. »