
APL, enseignement supérieur, coût des transports en commun... Emmanuel Macron parle de société progressiste mais prend des mesures qui créent le contraire de cela.
Chers gens qui, comme moi, êtes encore au travail, soyons francs : on se traîne. On laisse s’égrener le temps, on attend que les minutes passent. On essaie de se passionner pour la grossesse de la panda de Beauval mais le coeur n’y est pas. Même les déclarations les plus bêtes de nos député/es ne provoquent plus chez nous qu’un lever fatigué des yeux au ciel. (...)
A titre personnel, je n’aurais jamais pu faire d’études si je n’avais pas touché de généreuses APL. Ça reste une aide essentielle pour les étudiants. Or, ces derniers temps, on ne peut pas dire que les jeunes ont été particulièrement gâtés.
Rappelez-vous, il y a une éternité, en juin 2016, on avait découvert les problèmes d’affectation du logiciel APB. (Même si le logiciel, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt.) Cette année, rebelote, en pire.
La mise en place d’une situation explosive
À peu près au même moment, on apprend que l’enseignement supérieur et la recherche vont subir une coupe de 331 millions d’euros sur leur budget de 2017.
Affordance a de son côté fait une excellente analyse du programme prévu pour les facs que je vais grossièrement vous résumer : renforcer l’autonomie des universités ce qui signifie que l’Etat va se désengager financièrement un peu plus. (Alors même que le nombre d’étudiants continue d’augmenter.) D’où une hausse à prévoir des frais d’inscription et un système où des facs de luxe pourront attirer des clients… heu… des étudiants fortunés, et les autres facs seront à la traîne.
Et puis, la semaine prochaine, pour les franciliens, le pass navigo va connaître cette hausse que Valérie Pécresse avait promis de ne pas faire. Il va passer à 75,20 euros (il coûtait 70 euros en 2015). Ça fait beaucoup.
C’est possiblement la mise en place d’une situation explosive.
Même si pour le moment il semblerait qu’Emmanuel Macron soit né par parthénogenèse d’un trèfle à quatre feuilles, il n’est pas exclu qu’il se prenne un gros mouvement de protestation de la jeunesse. Soit un mouvement qui naîtra dans les facs, soit des explosions de colère dans les quartiers abandonnés. (...)
C’est un beau paradoxe (apparent) que notre président le plus jeune soit aussi celui qui semble totalement passer à côté de la situation des jeunes. (...)
Le président Macron ne semble avoir aucune conscience que ces gens existent. C’est comme s’ils n’entraient pas dans le champ de sa conscience et, en tant que politique, en étant purement pragmatique, je ne comprends pas comment il ne peut pas voir que tout cela risque de lui péter à la gueule pendant son quinquennat. Il parle sans cesse du réel, du besoin d’affronter le réel. Mais rien dans ses discours n’évoque ce réel là. Il parle de société progressiste mais alors où sont les mesures contre les discriminations ? De genre, de couleur de peau, de milieu social ?
Raboter toujours plus (...)
ce que le gouvernement ne semble pas comprendre, c’est le droit inaliénable de ne pas vouloir une vie de merde. De vouloir autre chose que survivre au milieu des factures. De vouloir une autre perspective que le découvert à la fin du mois.
On nous rabâche que nous, les Français, nous refusons de faire des sacrifices. Ce n’est pas vrai. On est tous prêts à faire des sacrifices. Mais faire des sacrifices pour avoir une vie encore plus merdique qu’avant, ce n’est pas vraiment un bon deal.
Et pour l’instant, la contrepartie pour la jeunesse, qu’elle habite dans les campagnes, les villes ou les « quartiers », on ne l’a pas encore vue.