
(...) Chez Red Frog, à Chicago, les employés peuvent arriver le matin quand ils le veulent, partir au moment qui leur convient, et prendre autant de congés que désiré, explique Kendra Alley, du service communication.
La société, spécialisée dans l’événementiel, avec ses 70 salariés à plein-temps, n’est pas la seule chez les anglo-saxons à ne pas limiter les congés. Quelques entreprises de petite ou de moyenne taille, comme Netflix (VOD), Evernote (stockage de données), WANdisco (logiciels), LRN (conseil), Inbucon (consulting RH), pour ne reprendre que celles listées par le Financial Times, proposent elles aussi des « vacances illimitées ».
Dit comme ça, ça fait rêver. C’est un peu plus compliqué en réalité.
(...) Les entreprises contactées en réfèrent avant tout à un « état d’esprit ». Mieux vaut qu’un salarié fatigué, patraque, vidé, ou simplement la tête ailleurs (sur des pistes de ski, par exemple), ne vienne pas au bureau. Quitte à ce qu’il travaille – un peu, beaucoup ? – à distance. Il récupère ainsi quand il en a besoin. Et si son job lui plaît, il n’en aura pas trop besoin.
Ces entreprises offrent d’ailleurs souvent de quoi s’y sentir bien :
- l’assurance maladie chez l’une,
- une voiture électrique chez l’autre,
- voire un mois sabbatique tous les cinq ans,
- ou encore une conciergerie.
Car, pour les employeurs, la formule présente plus d’un intérêt, remarque Kendra Alley, de chez Red Frog (Chicago) :
- la productivité augmente ;
- l’entreprise recrute plus facilement des « talents » : « C’est un excellent outil pour recruter et garder les employés » ;
- enfin, les coûts de gestion administrative diminuent. (...)
« Chaque mois, on tire au sort le nom d’un employé, qui est obligé de prendre deux semaines de vacances durant le mois en cours. Ça nous aide à être sûrs que ceux qui prennent trop peu de congés le fassent. »
Evernote doit faire de même : l’entreprise donne 1 000 dollars à celui ou celle qui prend au moins une semaine de vacances, raconte le Financial Times.
WANdisco tient, elle, un registre. Résultat : les salariés partent désormais seize jours par an, contre vingt avant l’introduction de la pratique. Pour David Richards, il est évident que c’est parce que les employés aiment bosser pour la boîte.
On aimerait bien. Mais c’est peut-être aussi parce qu’ils ont beaucoup à faire dans la boîte. Comme on l’explique chez Motley Fool : il suffit que le travail soit fait, c’est le seul critère pour savoir si le salarié prend trop de vacances ou pas assez :
« Nous considérons que certains salariés prennent trop de vacances, par exemple. Ça veut dire qu’ils ne terminent pas leur travail. Ils ne respectent pas les délais, ils évacuent la responsabilité sur d’autres, etc. Et c’est cette remarque que nous leur faisons. Nous ne leur reprochons pas de prendre trop de vacances. »
Comment s’assurer, dès lors, que les délais pouvaient être tenus sans travailler nuit et jour ? Que l’équipe était suffisante ; les moyens alloués, adéquats ? Que faire du salarié perfectionniste qui estime n’avoir jamais terminé ?
« Ça favorise une certaine auto-exploitation »
(...)