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le Parisien
« Ouvrir le chantier de la lutte contre le racisme au sein de la police et la gendarmerie »
Rédigé par SOS Racisme, qui a lancé une pétition , et signé par LDH, Mrap, Licra, Ligue de l’enseignement, SAF (Syndicat des avocats de france), France Fraternités, le Cran, CCAF (Arméniens de France), l’Auberge des migrants, Crefom, Collectif DOM, l’UEJF, la FCPE, Zy’va de Nanterre et AJCF (Chinois de France) et de nombreuses personnalités, des universitaires et des partis politiques de gauche
Article mis en ligne le 4 mai 2020

« Monsieur le Premier ministre, depuis le début du confinement, ont été filmés plusieurs cas de violences verbales, physiques ou symboliques exercées par des membres des forces de l’ordre à l’endroit de personnes d’origine immigrée habitant dans les quartiers populaires.

Outre qu’ils sont particulièrement irresponsables dans une période où les circonstances de nos vies sont sources de stress et de tensions, ces faits sont inadmissibles car ils contreviennent à un maintien de l’ordre respectueux des droits et de la dignité des citoyens.

Le dimanche 26 avril au matin, des agents de la police nationale ont tenu des propos qui ont créé, à juste titre, un émoi considérable. En effet, après avoir interpellé à l’Ile-Saint-Denis un homme qui avait sauté à la Seine pour leur échapper, ces agents ont cru pouvoir adopter à son endroit un langage que l’on croirait sorti de l’époque de la guerre d’Algérie : « Un bicot comme ça, ça ne nage pas. […] Ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied. »

Le racisme décomplexé qui s’exprime dans cette scène aurait sans doute été nié si celle-ci n’avait pas été filmée. Il fait pourtant ici écho à des témoignages récurrents des habitants des quartiers populaires dénonçant depuis plusieurs années de bien trop fréquents comportements de même nature qui se matérialisent par un éventail infini de mots, de gestes, de pratiques et de regards.

Nous le savons, la tentation sera politiquement forte de réduire cette nouvelle scène à un fait isolé et de se contenter de la suspension – au demeurant justifiée - des deux agents sanctionnés. Mais c’est un autre chemin que nous vous demandons de prendre.

Ce que nous vous demandons, c’est que soit enfin ouvert le chantier de la lutte contre le racisme au sein de la police et la gendarmerie nationales, dont nous ne voyons d’ailleurs pas par quel miracle elles seraient les seuls corps de la société épargnés par ce fléau. (...)

Bien évidemment, nous savons parfaitement que ce chantier aurait dû être ouvert depuis longtemps et que, à maints égards, vous héritez d’une situation qui préexistait à votre entrée en fonction.

Mais, puisque c’est vous qui avez aujourd’hui l’autorité sur les forces de l’ordre, vous avez la responsabilité d’assurer que ces dernières se comportent en toutes circonstances en conformité avec la loi et leur code de déontologie. (...)

Soucieux des principes de la République, nous vous demandons de reconnaître l’existence d’un racisme au sein des forces de l’ordre qui ne se traitera pas en le résumant à une succession de faits individuels isolés, d’indiquer les voies que vous souhaitez emprunter pour le réduire et de dessiner les modalités de dialogue et d’élaboration de propositions auxquels beaucoup d’acteurs, au-delà même des signataires, sont prêts à participer. (...)