
Le 24 septembre dernier a débuté à l’Assemblée nationale l’examen du projet de révision des lois de bioéthique. Parmi les mesures les plus débattues figure l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes (PMA, aussi désignée par le vocable médical « assistance médicale à la procréation » –AMP).
Or, dans un avis rendu public le 21 septembre, l’Académie de médecine qualifiait la « conception délibérée d’un enfant privé de père » de « rupture anthropologique majeure ». Elle affirmait que cette pratique n’était « pas sans risques » pour son « développement psychologique » et son « épanouissement ».
Que penser de cette position, alors même que le Comité consultatif national d’éthique et le Conseil d’État se sont prononcés en faveur d’une ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules ? Est-elle « un peu datée », comme l’affirme la ministre de la Santé Agnès Buzyn, pour qui « considérer qu’il y a un lien direct entre défaut de construction de l’enfant et famille monoparentale est faux » ? (...)
L’examen détaillé des recherches portant sur le développement des enfants de familles homoparentales suggère effectivement que la structure familiale n’a quasiment pas d’effet sur le développement psychologique. Quels sont les principaux enseignements à retenir de ces travaux, en particulier ceux portant sur les enfants de mères lesbiennes conçus par PMA, directement visées par les débats en cours au Parlement ? (...)
Finalement, c’est surtout la qualité des relations au sein du couple parental, indépendamment de sa structure, qui apparaît être en lien avec la manifestation de problèmes comportementaux et d’adaptation sociale chez l’enfant lorsque ceux-ci existent.
Si la structure familiale se révèle, en tant que telle, une variable très faiblement explicative, qu’en est-il des effets de la qualité des relations intrafamiliales ? Les études semblent mettre au jour une tendance à une plus grande flexibilité et une meilleure communication au sein des familles homoparentales que dans les autres familles.
En matière de communication, justement, comment est vécue par les enfants la révélation de leur mode de conception ?
Une révélation bien accueillie
Dans les études que nous avons analysées, les enfants pouvaient être issus soit d’un donneur anonyme, soit d’un donneur dont l’identité pourra leur être révélée à leur majorité.
Premier constat : chez les plus jeunes, aucun lien spécifique n’est observé entre l’accès à l’information relative au donneur et des problèmes de comportement. Second constat : les adolescent·es de familles homoparentales semblent plus précocement au courant de leur mode de conception que dans les autres familles.
Cette connaissance n’affecte pas leurs relations avec leurs parents. D’une part, ces ados semblent en moyenne peu troublés par cette annonce, et d’autre part, plus on les informe jeunes, plus elles et ils semblent à l’aise pour rechercher l’information relative à leur donneur. En outre, au sein des familles homoparentales, les enfants semblent être plus soutenus pour le faire, et ils informent plus volontiers leur entourage familial de leurs démarches. (...)
Ce tableau globalement positif ne doit cependant pas faire oublier que les familles homoparentales peuvent se trouver confrontées à d’autres difficultés, en particulier en raison du rejet ou des discriminations sociales dont elles peuvent faire l’objet. (...)