
L’échelon européen est aujourd’hui incontournable pour toute politique alternative autogestionnaire et internationaliste. C’est la raison pour laquelle l’Association Autogestion a décidé de publier ce texte de réflexions et de propositions qui s’inscrit dans la campagne des élections européennes. Si certaines des mesures proposées – telles que des processus constituants – s’inscrivent dans une logique éminemment autogestionnaire, cet article est ici donné à titre d’information et ne constitue pas une quelconque prise de position de l’Association Autogestion sur l’Europe.
Ce texte est une première version d’un chapitre du « manifeste programmatique » rédigé dans le cadre du projet « ReCommonsEurope », initié par le CADTM, EReNSEP et le syndicat ELA. Cette version française ou anglaise est proposée pour discussion dans le cadre du débat en cours sur l’Europe dans tous les cadres qui sont intéressés à un tel débat (commission Europe de diverses associations ou organisations politiques).
I. Les principes du scénario :
Nos propositions politiques devraient contenir un scénario de désobéissance et de confrontation avec les institutions européennes ainsi que de construction d’autres types de coopérations internationales (à différents niveaux, des municipalités aux États). Désobéissance et confrontation sont nécessaires pour rendre possible la construction de nouvelles coopérations – et inversement.
Ce scénario a pour objectifs :
– de promouvoir des alternatives concrètes aux scénarios du dernier « Livre blanc sur l’Europe » 1 de la Commission européenne, et de délégitimer les institutions non-élues de l’Europe (Commission européenne, Eurogroupe, Banque centrale européenne, etc.).
– d’éviter la fausse alternative « soit on change l’Union européenne et l’Union économique et monétaire européenne en respectant leurs règles, soit on les quitte (et c’est tout) » ; de rendre possibles des politiques économiques alternatives comprenant des dimensions structurelles (concrétiser l’autre Europe que nous voulons, qui serait démocratique, solidaire et qui engagerait une transition écologique) et des dimensions tactiques (liées à la confrontation avec l’UE existante, en utilisant ses contradictions à notre avantage).
Ce scénario de désobéissance et de confrontation avec les institutions et les traités de l’UE ainsi que de construction de processus constituants visant à établir de nouvelles coopérations internationales doit tenir compte des leçons du scénario grec (2010-2015), du processus indépendantiste en Catalogne et du Brexit. Par exemple, à quoi pourrait ressembler l’utilisation de l’article 50 du traité de Lisbonne (que la majeure partie de la gauche semble avoir découvert avec le Brexit) dans le cadre d’un projet de gauche et démocratique ? (...)