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Le Monde
« Pandora Papers » : le député Sylvain Maillard, l’archipel et les toupies
Article mis en ligne le 6 octobre 2021

Le député LRM de Paris est lié à une société offshore installée aux Seychelles, condamnée en 2014 pour la vente de jouets contrefaits. L’élu assure tout ignorer de l’affaire.

Sylvain Maillard est un élu macroniste comme on les imagine. Diplômé d’une école de commerce, il fonde en 2001, à l’âge de 27 ans, Alantys Technology, une entreprise spécialisée dans la commercialisation de composants électroniques qui connaît rapidement un grand succès. A 43 ans, il remporte dès le premier tour l’élection législative dans la première circonscription de Paris, devenant ainsi le premier député de La République en marche (LRM) à entrer au Palais-Bourbon après l’élection d’Emmanuel Macron. (...)

Mais un épisode de ce parcours exemplaire était jusqu’alors inconnu. Au début des années 2010, Sylvain Maillard a été mêlé à un étrange commerce de contrefaçons de toupies Beyblade – des jouets avec lesquels les enfants organisent des « combats » dans les cours de récréation. Cette aventure a valu une condamnation judiciaire à l’un des associés de Sylvain Maillard. Le futur député a échappé aux tribunaux grâce à l’opacité d’une société offshore installée aux Seychelles, un archipel de l’océan Indien connu pour son goût du secret et sa fiscalité à taux zéro.

Cette affaire est révélée grâce aux « Pandora Papers », une fuite de données confidentielles sur les paradis fiscaux, à laquelle Le Monde a eu accès en collaboration avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Et plus particulièrement grâce aux archives de SFM, un cabinet spécialisé dans la gestion de sociétés offshore.

Prête-nom et compte en Suisse

A la fin du mois de septembre 2010, le bureau genevois de SFM reçoit l’instruction d’immatriculer une société-écran aux Seychelles pour le compte de quatre Français. Parmi eux : Sylvain Maillard, ainsi que son associé de longue date, Florian Deloppinot, avec qui il a monté le groupe Alantys. Comme souvent dans le monde de l’offshore, les formalités sont vite expédiées (...)

SFM fournit même une employée seychelloise comme prête-nom pour « diriger » la société sans que leurs noms apparaissent, et leur ouvre un compte dans la banque suisse CIM Banque. (...)

Officiellement, selon les documents d’immatriculation, Unik Deal s’occupera de « vendre en ligne des vêtements importés d’Asie et des Etats-Unis vers la France ». En réalité, cette société seychelloise servira de base arrière financière à une petite boutique en ligne appelée Mydestock.com, qui se spécialise dans la vente de toupies Beyblade pour la France. Un petit miracle car, à cette période, ces toupies inspirées d’un manga à succès font fureur dans la jeunesse française, au point que tous les grands magasins sont en rupture de stock. (...)