
En 2006 nous écrivions, sous le titre « Une formation générale et polytechnique pour tous » [1] :
« Nous voulons que tous atteignent les compétences et savoirs de base (math, lecture, langues étrangères), que tous acquièrent une culture commune de haut niveau (histoire, géographie, sciences, littérature, arts, philosophie, etc.), que tous soient initiés aux technologies de la production et de la vie quotidienne (TIC, santé, électricité domestique, agriculture, industrie…), que tous reçoivent une éducation physique et une formation sportive.
Nous sommes attachés enfin à une découverte et à une valorisation de l’acte productif, pas seulement les divers métiers, mais aussi l’activité associative, le jardinage, etc. Bref, autre chose que regarder la télé. Cette formation générale et polytechnique pour tous entre 6 et 15 ans implique bien l’abandon de toute spécialisation professionnelle avant l’âge de 16 ans. »
Il était temps de préciser ce concept de formation polytechnique... (...)
L’instruction polytechnique se situe à l’opposé de la formation technique ou professionnelle précocement spécialisée
L’instruction polytechnique, élément essentiel de notre projet d’école commune, se trouve à l’opposé de la vision étriquée et marchande de la formation technique ou professionnelle dans l’école actuelle. Loin de tomber dans la spécialisation étroite, l’instruction polytechnique doit embrasser les principes généraux de tous les processus de production, leurs bases scientifiques et, en même temps, initier les enfants et les adolescents au maniement d’une grande variété d’instruments de travail. Il s’agit donc d’apporter une compréhension à la fois théorique et pratique de la production dans son ensemble, et ainsi contribuer à l’intelligence de la vie sociale. Comme le disait Anatole Lounatcharski : « à la différence de l’enseignement technique, où il ne s’agit que de faire d’un homme un bon ouvrier, nous entendons (l’instruction polytechnique) comme faisant partie de l’instruction générale. Il ne s’agit pas de former un bon tourneur ou un bon ouvrier du textile, mais d’apprendre à l’homme à connaître le travail. » [7]
Ainsi pensée, l’instruction polytechnique est profondément humaniste : il s’agit de réconcilier l’homme (producteur, consommateur) avec l’homme (créateur). Elle est aussi révolutionnaire, car elle mine les bases idéologiques de la division sociale du travail, largement fondée sur la division des connaissances. (...)