
Ça y est le gouvernement a réussi son coup ! Depuis le 9 août le passe sanitaire s’est imposé partout en France, en dépit des tentatives d’opposition de la Quadrature du Net, des nombreuses critiques de juristes, de syndicats, d’associations et de membres de la communauté médicale, et surtout des énormes manifestations qui se sont déroulées ces dernières semaines, en pleine période estivale.
Le collectif stéphanois HALTE AU CONTRÔLE NUMÉRIQUE s’oppose résolument à ce passe.
Un système discriminatoire
En premier lieu, il faut noter que tout le monde ne possède pas un smartphone : seulement 77% de la population française en possède un et cette proportion baisse à 44% pour les personnes de plus de 70 ans [1]. Autant de personnes qui ne pourront pas accéder au carnet de santé numérique, ni scanner les QR codes des restaurants.
De plus, relève la Quadrature du Net, beaucoup de personnes ne savent pas forcément activer le Bluetooth et certaines refusent de le maintenir activé en permanence pour des raisons pratiques (batterie), pour se protéger d’usages malveillants, ou bien encore pour des raisons de santé (ondes) [2]. Le passe sanitaire est donc un outil profondément discriminatoire dès le départ. (...)
Bien sûr, il reste la solution papier, mais tout comme avec l’application, on s’expose alors à une dés-anonymisation de nos données de santé…
Une dés-anonymisation des données de santé
Comme l’a noté la Quadrature du Net, la lecture du code en 2D permet à n’importe qui d’accéder à des données de santé très sensibles mais parfaitement inutiles au fonctionnement du passe comme la date de prise du vaccin, le nom du vaccin, la contraction passée de la maladie…
Autant de données qui profiteront aussi aux GAFAM ! Et cela que ce soit en version numérique ou papier. C’est contraire au droit de la santé, celui imposant le secret médical, la « minimisation » des données collectées et l’interdiction de leur commercialisation.
Le Syndicat de la Médecine Générale en mai 2020 le rappelle : « Soigner n’est pas ficher ! » – et pourtant le secret médical n’a jamais été aussi mis à mal que pendant cette période covid. (...)
Désormais nous avons franchi un nouveau pallier, en entrant dans une société de l’autosurveillance généralisée, un monde où des citoyens lambdas peuvent contrôler leurs semblables, les signaler et les sanctionner (voir le livre de Vanessa Codaccioni « Autosurveillance, délation et haines sécuritaires » ). Comme un relent de 40.
Si certains citoyens refusent cette société du contrôle et de la délation et préfèrent pratiquer la résistance (5), d’autres s’y jettent avec joie (6). (...)
Une sinistre implication des individus et acteurs privés qui fait également écho à certaines mesures de la loi sécurité globale, qui ont octroyé des moyens démesurés aux services de sécurités privés, afin que ceux-ci puissent se substituer aux forces de police dans un certain nombre de procédures de contrôle…
Une gestion autoritaire n’est en rien une stratégie sanitaire. Depuis le début de cette crise, le gouvernement prend des mesures s’inscrivant plus dans le registre militaire que scientifique. Les accepter sans broncher, c’est empêcher toute analyse et tout espoir d’une prise en charge collective rationnelle et démocratique de la pandémie (voir à ce propos l’analyse de Barbara Stiegler dans Reporterre (7)).
Un terrain d’expérimentation pour la surveillance de masse (...)
De manière générale, si certaines formes de surveillance sont assez visibles (vidéosurveillance, drones), il est important de ne pas négliger ses autres formes plus insidieuses (comme les applications de smartphones utilisant la reconnaissance faciale, ou les compteurs Linky utilisés pour vérifier la domiciliation des chômeurs (9)).
Le passe se situe à la frontière, à la fois insidieux pour ceux qui l’acceptent sous forme d’application et violent pour celles et ceux qu’il exclue. Mais il est important de ne pas nous y soumettre !
Non seulement au nom de toutes celles et tous ceux qu’il oblige à vivre en parias, mais aussi parce qu’à l’instar des applications ou des compteurs, il nous habitue progressivement à un monde ultra connecté, dont on n’a de cesse de nous vanter les mérites, sans jamais nous parler du prix à payer. (...)
Notre appel à résister !
C’est pour toutes ces raisons que notre collectif a signé ce manifeste aux côtés de STOP Linky 5G Loire et de beaucoup d’autres organisations : https://www.robindestoits.org/attachment/2184861/
Aujourd’hui énormément de monde manifeste dans les rues, y compris ici à Saint-Étienne ! Il s’agit du premier mouvement d’ampleur qui conteste la numérisation de nos vies. Nous appelons donc tout le monde à se rendre aux manifestations et à participer aux actions organisées un peu partout contre le passe sanitaire : grèves, boycott des QR codes, refus d’appliquer les contrôles, “terrasses sauvages“ tout est bon !
A l'approche de la rentrée, les opposants en France au pass sanitaire et à toute obligation vaccinale contre le Covid-19 comptent accroître la pression sur le gouvernement pour leur sixième week-end de mobilisation, avec plus de 200 manifestations prévues dans le pays #AFP pic.twitter.com/WsQlszTU6y
— Agence France-Presse (@afpfr) August 21, 2021