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Pédophilie dans l’Église : limogé, le père Vignon “ne retire rien” de sa parole
Article mis en ligne le 10 novembre 2018

Sous l’autorité du cardinal Barbarin, les évêques de Lyon ont décidé de ne pas renouveler la mission de juge à celui qui demande publiquement la démission du cardinal pour ne pas avoir réalisé à temps la gravité de l’affaire Preynat. Le prêtre accepte ce choix, mais “ne retire rien” des propos qu’il a tenus.

Mais, ce 1er novembre, une tout autre raison est évoquée. Désormais, les juges ecclésiastiques effectuent un mandat de six ans maximum. “Les évêques ont donc remis tout à plat et ont repris les nominations à partir du 1er novembre 2018 pour tout le monde et pour une période déterminée. Ils n’ont pas souhaité t’inclure dans ces nominations. Tu n’es donc plus juge de l’officialité à compter de ce jour. Il ne m’appartient pas de commenter leur décision”, lui a dit le père Nicolas de Boccard, qui dirige le tribunal ecclésiastique de Lyon. Cette remise à plat est censée avoir été décidée par les douze évêques d’Auvergne-Rhône-Alpes. Elle fait finalement grincer des dents à la veille de la conférence des évêques de France, à Lourdes, puisque c’est par voie de presse que de nombreux évêques apprennent la conséquence de la décision pour le père Vignon. D’autant plus que, pour la première fois, des victimes d’actes pédophiles s’exprimeront face à eux à Lourdes.

“Tout-puissant dans son royaume”
L’évêque du Puy-en-Velay, Luc Crépy, affirme au quotidien Libération ne pas avoir été au courant. “Aucun des quatre diocèses d’Auvergne n’a été consulté”, ajoute-t-il. La conséquence sur le prêtre Vignon semble gêner aux entournures celui qui est aujourd’hui responsable de l’action contre la pédophilie dans l’Église de France.(...)

Du côté des victimes abusées en camps de scouts dans les années 1980 par Bernard Preynat, la rupture est largement consommée. “C’est énorme de venir parler de confiance après que le diocèse a sciemment et soigneusement couvert pendant plusieurs décennies des actes des plus abjects. Cela fait trente ans qu’ils nous disent qu’ils ont enfin pris la mesure des choses”, déplore François Devaux, le président de l’association La Parole Libérée. “Nous ne reprochons pas à l’Église d’avoir de la pédophilie en son sein, on lui reproche de la couvrir. Et là, ils crucifient un homme qui force les choses sur une thématique que l’Église est incapable de gérer”, ajoute-t-il. “Nous sommes face à quelqu’un qui agit en monarque, en tout-puissant dans son royaume”, considère François Devaux. L’Avref et La Parole Libérée ont, en réaction, rédigé une nouvelle pétition pour demander la réintégration du père Vignon.

Forcé de s’exprimer au sujet de cette éviction ce samedi matin à Lourdes, le cardinal Barbarin aurait “reconnu que c’était une “erreur” de sanctionner Vignon juste avant l’assemblée plénière”, écrit Libération. Pour autant, sur le fond, la décision n’a pas été remise en cause publiquement. (...)

Le 7 janvier, le cardinal Barbarin est convoqué au tribunal correctionnel avec sept autres membres du clergé pour “non-dénonciation de crime” après la prononciation d’un classement sans suite par le tribunal de grande instance de Lyon en 2016. Il est le troisième évêque jugé pour non-dénonciation, après la condamnation de Pierre Pican en 2001 à trois mois de prison avec sursis et, plus récemment, le procès de l’ancien évêque André Fort. (...)