
Dans notre article du 19 mai (« TF1 et France 2 au secours des mal-aimés de la police »), nous nous prenions « à rêver qu’à l’avenir, les mobilisations sociales bénéficient d’un traitement aussi "fourni" et précis quant aux motivations des grévistes et/ou des manifestants, chiffres et interviews à l’appui, et que les téléspectateurs soient aussi bien renseignés qu’ils l’ont été le 18 mai à propos des policiers mal-aimés ». L’apparition, à compter du 19 mai, de nouveaux modes d’action – blocages et autres arrêts de production des dépôts de carburant ou des raffineries – par les opposants à la loi travail a-t-elle été l’occasion de transformer notre rêve en réalité ? Pas vraiment au regard de la couverture par les journaux télévisés de France 2, France 3 et TF1.
Dans un article publié hier, nous relevions l’unanimité éditocratique dans le mépris à l’endroit de manifestants, la focalisation sur les conséquences de leurs actions et le dédain à l’égard de leurs revendications. Le visionnage, sur plusieurs jours, des reportages des journaux télévisés permet de compléter utilement ce diagnostic : le radotage des commentaires – censés analyser – ne saurait se passer du matraquage des reportages – censés informer.
Du 20 mai au 24 mai, les trois principales chaînes nationales nous offrent une véritable orgie de 106 reportages consacrés à la « pénurie d’essence », dont le détail est fourni en annexe : 32 pour TF1, 37 pour France 2 et autant pour France 3 [1].
Une véritable indigestion puisqu’ils ne sont jamais l’occasion d’une présentation détaillée des raisons qui poussent les salariés mobilisés contre la loi sur le travail. (...)