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Petit scénario de politique fiction à propos de l’indépendance de l’Écosse
Article mis en ligne le 18 septembre 2014

(...) A l’instar des autres régions sécessionnistes, l’Écosse a beaucoup à gagner de son divorce avec le Royaume-Uni. Bien que cela ne soit pas si connu, l’Écosse dispose des plus grandes réserves pétrolières d’Europe - Aberdeen (3e ville écossaise) étant d’ailleurs dénommée capitale pétrolière européenne. En accédant à l’indépendance, l’Écosse pourrait récupérer la grande majorité des réserves pétrolières du Royaume-Uni. Les réserves de gaz reviendraient également majoritairement à l’Écosse qui est le second producteur européen après les Pays-Bas.

Ces réserves pétrolières sont estimées à 24 milliards de barils pour une valeur d’environ 1500 milliards de livres (près de 1900 milliards d’euros). Selon le professeur Alex Kemp de l’Université d’Aberdeen, le principe de la ligne médiane |1| généralement utilisé en droit international donnerait 90% des recettes pétrolières à l’Écosse |2|.

Au cours des 40 dernières années, on estime que le Trésor britannique a reçu environ (compte tenu de l’inflation) 300 milliards de livres de taxes sur la production pétrolière dont environ 90% en provenance des eaux territoriales de l’Écosse, richesse qui a été largement gaspillée via les cadeaux fiscaux faits aux plus riches et aux grandes entreprises. (...)

Par ailleurs, l’Écosse dispose d’un potentiel important en matière d’énergies renouvelables en particulier d’énergies éolienne et marémotrice. Forte de cet atout, elle s’est fixée pour objectif d’une production électrique issue à 40% des énergies renouvelables d’ici 2020, processus qui est déjà en cours |4|. Pour éclairer un peu le propos, il existe déjà de nombreuses fermes d’éoliennes le long de la côte et sur les collines et l’Écosse projette de créer une des plus importantes fermes d’éoliennes au niveau mondial dans l’île de Lewis |5|. Parallèlement, le projet LIMPET (Land Installed Marine Power Energy Transformer) est le premier projet de commercialisation au niveau mondial d’un modèle réduit de dispositif utilisant la houle |6|, l’Écosse représentant environ 25% du potentiel marémoteur européen |7|. (...)

Des revenus substantiels pour quoi faire ? Comment l’Écosse pourrait-elle incarner un nouveau modèle ?

A côté de recettes très importantes, l’Écosse héritera également d’une partie de la dette du Royaume-Uni qui avait une répartition per capita équivaudrait à 8,3% de la dette du Royaume-Uni soit environ 140 milliards sur 1700 milliards d’euros. Elle pourrait très bien décider d’organiser un audit de la part qui lui sera attribuée pour identifier les dettes qui n’ont pas servi à l’intérêt général et qu’elle pourrait refuser de payer, mettant ainsi en avant une perspective alternative en Europe.

En tant que nouvel Etat, l’Écosse pourrait refuser d’adhérer à la Banque centrale européenne et décider que la Banque nationale d’Écosse soit réellement au service de l’économie du pays en prêtant à du 1% par an ou au taux de l’inflation. Cela représenterait un atout considérable par rapport aux autres Etats européens qui, en vertu de l’article 123 du Traité de Lisbonne, ne peuvent obtenir de financement de la Banque centrale européenne ou de leur propre banque nationale et sont obligés de passer par le secteur bancaire privé. Si l’Écosse décidait de suivre l’exemple de la Norvège (qui n’est pas membre de l’Union européenne), de mettre les ressources pétrolières au service du bien commun contre les politiques d’austérité mises en place dans les pays de l’Union européenne elle se doterait d’une marge de manœuvre assez considérable.

Elle pourrait décider la socialisation intégrale de son système bancaire sous contrôle des travailleurs du secteur, des représentants des clients et des pouvoirs publics. Celui-ci se verrait bien sûr interdire d’effectuer des transactions dans les paradis fiscaux. Bien que l’Écosse soit un petit pays, une décision en ce sens pourrait avoir valeur d’exemple.

L’Écosse pourrait également décider de mettre en place un impôt exceptionnel sur la fortune, ce qui lui procurerait d’un coup des recettes tout à fait substantielles. (...)