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Le Monde
Philippe Martinez et Jean-François Julliard, un mariage hors norme
Article mis en ligne le 10 mai 2021
dernière modification le 9 mai 2021

L’amitié entre le numéro un de la CGT et le directeur de Greenpeace France n’avait rien d’une évidence. Mais face aux urgences climatique et sociale, ils font front commun. Une alliance qui pourrait inspirer la gauche et les Verts à l’approche de la campagne présidentielle.

C’est la première fois que Philippe Martinez pénètre dans le petit univers des écolos. On est à la fin août 2020, aux Journées d’été des écologistes, à Pantin (Seine-Saint-Denis), par une de ces chaleurs estivales où les militants troquent leurs habits de ville contre une paire de tongs et un short ou une robe de plage. Ils sont des dizaines à arpenter les stands vantant jus de pomme bio, réseau de chaleur biomasse et vêtements en chanvre sous la grande halle ouverte de la Cité fertile. Un de ces tiers-lieux que les écolos affectionnent, avec sa cour végétalisée, son boulodrome et ses transats.

Le numéro un de la CGT est attablé avec Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, et Cécile Duflot, directrice de l’ONG Oxfam France, pour le déjeuner qui précède leur table ronde. Le secrétaire général de la CGT regarde d’un air affligé le plateau en carton recyclé où trône son repas veggie : « Il va falloir que tu t’y habitues maintenant que tu es invité par les Verts ! », se marre Julliard.

Six semaines plus tard, lors d’une visite à la papeterie Chapelle Darblay – la seule usine à produire du papier journal 100 % recyclé, fermée pour cause de non-rentabilité financière –, les deux compères marchent côte à côte dans les immenses hangars aux machines muettes et rejoignent les salariés qui les attendent. Discours enflammés de défense de l’emploi, promesses de solidarité, présentation du contreprojet monté pour sauver la boîte… Julliard est ébahi par la combativité des ouvriers occupant le site. Il découvre un univers qui lui est inconnu et des travailleurs qui, à sa grande surprise, l’écoutent.

« Jean-François était très enthousiaste. Il n’arrêtait pas de dire “c’est génial !”, complètement épaté par le niveau d’expertise économique et technique des délégués syndicaux », raconte Marie Buisson, membre de la direction exécutive de la CGT. Quand vient l’heure du casse-croûte, l’écolo déchante (...)