
Le 27 août 2015 paraît Le bon gouvernement, un ouvrage du professeur au Collège de France Pierre Rosanvallon. Pour comprendre le chaleureux accueil médiatique réservé à cet opus il faut prendre en compte la trajectoire indissociablement politique, médiatique et académique, de son auteur : (...)
Des affinités et des proximités, notamment - mais pas seulement - via la fréquentation de la Fondation Saint-Simon, qui peuvent servir d’utile éclairage quant à la célébration unanime de son dernier opus, et quant à l’infinie variété des commentaires qui l’ont accompagnée. On peut ainsi se rendre compte, en étudiant l’accueil médiatique de l’ouvrage de Pierre Rosanvallon, de l’étroitesse de l’univers intellectuel dans lequel évoluent nombre de « grands » journalistes et « grands médias ». (...)
Le rosanvallonnisme, cet horizon indépassable de la pensée (médiatique)
Le fait que L’Obs, Le Monde, Libération, le groupe Lagardère et Mediapart fassent chorus pour louanger le livre de Pierre Rosanvallon suffit pour produire un effet d’entraînement dans quasiment tout l’espace médiatique comme en témoigne la liste ci-dessous des lieux où trouvent refuge Pierre Rosanvallon et son livre [10]. (...)
Cette tournée médiatique triomphale de Pierre Rosanvallon est un terrible révélateur. D’une part, du suivisme des rédactions, de l’uniformité des orientations éditoriales et de la pauvreté de l’offre médiatique qui en découle. D’autre part, et ce n’est évidemment pas sans lien, de l’étroitesse des univers sociaux et idéologiques dans lesquels ont évolué et évoluent encore les patrons et les chefferies rédactionnelles de la plupart des « grands » médias. Pierre Rosanvallon est leur ami et leur complice intellectuel depuis 20, parfois 30 ans, il fut leur entremetteur et il a partagé avec eux ses convictions et son militantisme libéral. Devenu un cacique de l’université, il est donc tout « naturel » qu’il constitue une référence intellectuelle médiatique incontournable et indiscutable…
On pourrait esquisser un parallèle entre cette mobilisation médiatique en faveur de Pierre Rosanvallon et de son ouvrage avec une autre mobilisation médiatique, celle qu’a déclenchéé la campagne de Jeremy Corbyn pour la direction du Labour. Il y a simplement inversion de signe : les chiens de garde chassent en meute contre Corbyn, et avec Rosanvallon ils lèchent en groupe. Dans les deux cas ils expriment les intérêts des dominants.