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Podemos vu par la presse française : cheveux longs et idées courtes
Article mis en ligne le 3 mars 2016

Depuis fin 2015, les grands médias traitent de Podemos en délaissant les questions de fond, accordant dans le même temps une large place aux sujets polémiques et au storytelling des alliances politiques. Hormis quelques articles écrits lors des épisodes cruciaux comme les élections législatives, régionales ou municipales de 2015, il semble désormais difficile de trouver, à de rares exceptions près, des reportages ou des enquêtes qui détaillent la stratégie ou le programme du mouvement. On se passionne pour les coupes de cheveux des élus du mouvement Podemos, en tout cas bien plus que pour leurs idées.

Si les moments clés de l’ascension de Podemos en Espagne ont été plutôt correctement couverts par la presse écrite et audiovisuelle française en 2014, l’exercice partiel du pouvoir reste peu visible depuis que le parti a fait une percée au Parlement et qu’il a brigué plusieurs mairies de premier plan. Moins friands de Podemos en Espagne que de Syriza en Grèce et de « la douloureuse conversion de Tsipras au réalisme » [1], les éditorialistes français préféreraient-ils commenter les échecs que les succès électoraux d’une certaine gauche ?

Depuis la rentrée 2015, le traitement médiatique de Podemos a basculé dans le domaine de la légèreté et de l’accessoire : Podemos apparaît bien dans les colonnes de la presse généraliste, mais sur des thèmes qui traitent de politique politicienne (alliances, jeux d’appareils...) ou surtout d’apparence et de communication (reportages-photos, polémiques sur les coupes de cheveux...), et dans des formats souvent expéditifs (reprise de tweets, commentaires superficiels...), le tout, parfois, sur un ton humoristique. Ainsi, on en sait désormais beaucoup sur le dernier tweet bien senti de Pablo Iglesias, sur le look vestimentaire des élus, ou sur l’identité capillaire des députés, mais toujours aussi peu sur les idées développées par la formation anti-austéritaire [2].

Dreadlocks, tresses et catogans : une typologie capillaire approfondie (...)

Pour commenter la première séance parlementaire qui avait lieu le 13 janvier 2016, les rédactions ont souligné de concert la tenue vestimentaire des jeunes élus de Podemos, qui détonne avec le reste de l’assemblée. Ce recensement, s’il peut servir de point de départ pour mettre en exergue le hiatus qui peut exister entre les professionnels de la politique des deux grands partis et la jeune génération de Podemos ou Cuidadanos, ne peut se suffire à lui-même. C’est pourtant quasiment tel quel que les journalistes livrent en guise d’information une série d’articles et de commentaires qui pointent l’originalité de la composition visuelle du Parlement, sans autre forme d’analyse sur la trajectoire sociologique des députés ou sur les catégories socio-professionnelles nouvellement représentées par Podemos (hormis quelques lignes dans Le Monde). (...)