
Les origines du poisson d’avril restent obscures3 mais la tradition festive de personnes qui sont l’objet de farces ou de satires existe dans plusieurs cultures depuis l’Antiquité et le Moyen Âge : fêtes religieuses romaines des Hilaria célébrées le 25 mars ; la Holi, fête des couleurs hindouiste ; Sizdah bedar, fête persane ; Pourim, fête juive ; fête des Fous médiévale en Europe4.
Les écrits folkloristes proposent de nombreuses origines mais il ne s’agit que de « vagues conjectures »5.
Une première explication relie le poisson d’avril à la Pâques qui marque la fin du jeûne du carême, le poisson prenant une place alimentaire importante à cette période. De plus, l’ichthus chrétien, symbole graphique représentant un poisson, est un acronyme du nom de Jésus utilisé du Ier siècle au IVe siècle et le mot poisson serait une corruption du mot Passion6
Une autre hypothèse, couramment reprise par les médias, relie la date du 1er avril à la réforme calendaire au XVIe siècle. Au Moyen-Âge, dans plusieurs villes et régions européennes, l’année commençait à des dates variées (Noël, 1er mars, 25 mars) et correspondait selon le calendrier julien au Jour de l’an. Le 25 mars notamment était associé la fête de l’Annonciation à Marie7 avec la tradition de s’échanger des étrennes8. En France, l’année civile débutait à différentes dates selon les provinces mais dans celles où elle commençait le 25 mars, il était courant de prolonger les fêtes mariales jusqu’au 1er avril9. Le roi Charles IX décide, par l’Édit de Roussillon en 1564, que l’année débuterait désormais le 1er janvier, marque du rallongement des journées, au lieu de fin mars, arrivée du printemps. Le pape Grégoire XIII étend cette mesure à l’ensemble de la chrétienté avec l’adoption du calendrier grégorien en 1582. Selon la légende, beaucoup de personnes eurent des difficultés à s’adapter au nouveau calendrier, d’autres n’étaient pas au courant du changement et continuèrent à célébrer le 1er avril selon l’ancienne tradition. Pour se moquer d’elles, certains profitèrent de l’occasion pour raconter aux étourdis des histoires pour rire et leur remettre de faux poissons correspondant à la fin du Carême. Ainsi naquit le fameux poisson d’avril, le jour des fous, le jour de ceux qui n’acceptent pas la réalité ou la voient autrement10. Cette hypothèse de la réforme calendaire, qui s’appuyait sur le fait que la tradition du poisson d’avril est bien attestée au XVIe siècle, est cependant contredite car l’expression ou la notion de poisson d’avril est évoquée dans plusieurs écrits antérieurs à 1564, notamment un poème de Pierre Michault11 en 1466, Le livre de la deablerie (diablerie) du curé Eloy d’Amerval en 150812 ou un poème dans l’œuvre Testament rhetoricae d’Eduard de Dene en 153913.
Une autre origine viendrait de l’usage dans différents pays d’ouvrir la saison de pêche le 1er avril ou au contraire dans d’autres de la suspendre, afin de respecter la période de reproduction. (...)