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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Pollution : la mort à petit feu
Article mis en ligne le 5 mars 2015
dernière modification le 31 mars 2015

Le tollé public récent, provoqué en Chine par un documentaire accablant sur la pollution atmosphérique, repose sur des craintes fondées :

Sur les 100 millions de personnes ayant visionné le film le jour de sa mise en ligne, 172 000 sont susceptibles de mourir cette année de maladies liées à la pollution, à en croire les tendances régionales.*

À l’échelle mondiale, la pollution fait deux fois plus de victimes chaque année que le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose pris ensemble.** Pourtant, la politique d’aide a toujours refusé de l’envisager comme un risque sanitaire, rapportent les bailleurs de fonds et les experts.

À elle seule, la pollution atmosphérique a tué sept millions de personnes en 2012, d’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiés l’année dernière, essentiellement dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la région Asie-Pacifique.***

Dans un rapport autocritique publié à la fin du mois dernier, la Banque mondiale admet avoir abordé la pollution atmosphérique comme un sujet secondaire, avec pour résultat une analyse insuffisante du problème et un manque d’investissements en vue de solutions.

« Nous devons à présent redoubler d’efforts et adopter une approche plus globale pour améliorer la qualité de l’air », ont conclu les auteurs du rapport Clean Air and Healthy Lungs [Air propre et poumons sains]. « Si nous ne nous y attelons pas, ces problèmes risquent de s’aggraver avec le temps, tandis que la planète s’urbanise à une cadence sans précédent. »

Un second rapport, publié le mois dernier par plusieurs organisations – dont la Global Alliance on Health and Pollution (GAHP), un consortium international d’agences des Nations Unies, de gouvernements, de banques de développement, d’ONG et d’universitaires – appelle également de ses vœux plus de financements pour réduire la pollution.

« Les pays riches, les agences multilatérales et les organisations ont oublié les impacts dévastateurs de la pollution et ont échoué à en faire une priorité de leur politique d’aide étrangère », ont écrit les auteurs. (...)

En outre, la pollution – en particulier la pollution extérieure ou pollution de l’air « ambiant » - constitue un frein majeur à la croissance économique et limite les opportunités dont pourraient bénéficier les pauvres, selon Ilmi Granoff, expert en politique environnementale à l’Institut de développement d’outre-mer (Overseas Development Institute, ODI), un groupe de réflexion basé au Royaume-Uni. Elle engendre mort prématurée, maladie, perte de revenus et frais médicaux – autant de facteurs ayant un impact néfaste sur la productivité, aussi bien individuelle que nationale.

« Les bailleurs de fonds doivent sortir de la logique cloisonnée envisageant la pollution comme un problème environnemental sans lien avec le développement économique et la réduction de la pauvreté », a dit M. Granoff.

Les financements consentis au nettoyage de la pollution sont en effet insuffisants, mais la prévention de la pollution est encore moins bien lotie (...)