
Un peu avant 22h00 sur le boulevard de Strasbourg à Toulouse. Une enseigne : « le meilleur, le moins cher ». Pour sûr… Deux conteneurs sortent. Réunissent ceux qui lorgnaient leur arrivée. Deux femmes. Une autre, plus jeune. Trois hommes, la quarantaine. Ça ouvre, ça chaparde, ça trie. Ça fouille, ça glane.
« Pizza ? Si tu veux un truc, tu me dis. » On penche l’autre benne. Deux plongent, bille en tête, entre un poulet entier, des club-sandwich au thon, des sachets de salades, des épluchures de légumes verts. On garde pour soi, chacun ses à-côtés, ou on redistribue. Regards discrets aux badauds, gestes pressés presque précis. Timides salutations, départ furtifs. Un des hommes reste pour remettre les sacs et refermer les bennes. Sous peine de bennes javellisées, sous clef ou de broyeur. Comme celles des grandes surfaces du pourtour toulousain. 22h14. Fin de la fouille. Fast-food.
Emulsion
Ce type de scène se répète chaque soir à la fermeture des supermarchés du centre-ville. Monoprix, Intermarché express, Carrefour Market. Ici, le spot est connu, plus en vue. Mardi et jeudi plutôt.
Un électricien en intérim repart sur son vélo harnaché de deux cabas pleins. Bonne récolte. « Aujourd’hui c’est pas mal, on n’est pas nombreux… Je viens une fois par mois depuis un an. Avant je travaillais mais en ce moment y’a pas trop de boulot, alors… faut bien… ». Retraités, sans-abris, rsa-istes, chômeurs, étudiants précaires ou même travailleurs se laissent tenter par la récup’ alimentaire pour meubler leur frigo à moindre frais.
Effet de la crise. De la médiatisation des mouvements anti-gaspillage aussi. Comme Freegan ou Dumpster Diving venus d’Amérique du nord. (...)