
L’image de l’islam, nous dit-on à la une du Figaro, se dégrade. Sondage à l’appui, on nous explique que 43% des Français appréhendent la présence musulmane comme étant « plutôt une menace ». Soit 1% de plus qu’il y a un an et demi... Nous avions à l’époque analysé en détail la construction de ce sondage de l’IFOP, et plus précisément la manière dont, par la formulation des questions, le choix des termes employés, l’éventail des réponses proposées, et quelques autres effets de texte et de contexte, il produit activement la psychose islamophobe qu’il prétend ensuite enregistrer de manière neutre.
Plus d’un an après, la critique garde hélas toute son actualité, à 1% près – et ce petit point supplémentaire pour l’islamophobie n’est finalement pas énorme au regard de l’exubérance des moyens politiques et médiatiques remobilisés dans l’intervalle – de la guerre du halal à la menace terroriste en passant par les prières de rue, les pains au chocolat et le retour du retour de Charlie Hebdo... (...)
le simple fait de poser la question d’une éventuelle « menace islamique » contribue à semer le doute, inquiéter, et donc donner consistance à ladite menace. Chacun-e a déjà pu l’expérimenter : le meilleur moyen de susciter la peur dans une situation anodine, par exemple à la tombée du jour ou en cas de coupure de courant, est de poser la question de la peur. Que l’on demande « Tu as peur ? » ou qu’on affirme « Moi je n’ai pas peur », ou même qu’on déclare qu’« Il n’y a aucune raison d’avoir peur », le message implicite est le même : « Tu pourrais avoir peur », et il y a donc bien, en réalité, des raisons d’avoir peur. (...)