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Reporterre
Pour avoir pollué l’Isère, Lactalis condamné à une amende dérisoire
Article mis en ligne le 8 mai 2019
dernière modification le 7 mai 2019

La filiale de Lactalis l’Étoile du Vercors vient d’être condamnée à 100.000 euros d’amende pour pollution de l’Isère, dont 50.000 avec sursis. Cette décision de justice intervient après des années de procédures administratives et laisse aux habitants le sentiment amer que le géant du lait a encore gagné.

« On a le sentiment d’une grande injustice. » Gilet jaune et cheveux rouges, Christine ne cache pas son amertume. « Aucun pouvoir n’a été laissé au maire pour s’opposer à Lactalis », estime l’ancienne militante d’Attac, mobilisée sur les ronds-points depuis novembre et sur la question depuis février.

Pour autant, c’est d’abord un vent de soulagement qui a parcouru les couloirs de la mairie de Saint-Just-de-Claix (Isère), fin mars. Soulagement d’assister enfin à des avancées significatives sur les volets pénal et administratif dans une affaire qui empoisonne la commune depuis plusieurs décennies. Car, depuis sa création en 1942, la société l’Étoile du Vercors, rachetée par Lactalis en 2011, déverse ses effluents dans l’Isère, provoquant successivement incompréhension, indignation et colère chez la population. Lassitude aussi, devant cet imbroglio politico-administratif dont les Clajussiens se demandaient il y a encore peu de temps s’ils en sortiraient un jour.

Le fond de l’affaire, que Reporterre a racontée ici, portait sur le refus par Lactalis de se raccorder à la station d’assainissement publique construite entre 2011 et 2013. Spécialement prévue pour accueillir les effluents de la fromagerie, ladite station a coûté 22 millions d’euros à la collectivité et tourne aujourd’hui à 40 % de ses capacités, selon le syndicat mixte d’assainissement pour la Bourne et la Lyonne Aval. Mais depuis 2014, l’Étoile du Vercors multiplie les demandes de permis de sa propre station d’épuration autonome. Permis que le maire sans étiquette, Joël O’Baton, a obstinément refusé… jusqu’au 29 mars dernier.

Un combat inégal, joué avec des « dés pipés » (...)

« Ça me désole, cette pression des lobbyistes. On a l’impression que la priorité est systématiquement donnée à l’économie, que ce sont les grands groupes qui dirigent la France. » (...)

Si ce jugement a une portée symbolique, il ne satisfait ni les parties civiles ni le parquet, qui a fait appel de la décision. Pour les associations de protection de l’environnement, les sommes réclamées à Lactalis sont sans commune mesure avec les dégâts sanitaires et environnementaux provoqués par une pollution incessante, au rythme de 4 litres par seconde d’eaux usées mêlant petit lait et produits de désinfection. (...)

Juriste à la Frapna Isère, Élodia Bonel préfère voir le verre à moitié plein et compte sur la médiatisation de l’affaire pour que le verdict conserve « sa dimension punitive. Nous espérons que l’impact médiatique de cette condamnation va inciter la société à mettre rapidement en place une solution pour faire cesser la pollution ».

Quoi qu’il en soit, les associations de protection de l’environnement resteront vigilantes sur ce dossier. (...)