
TRIBUNE. Un collectif appelle à défendre le lycée professionnel, menacé par la réforme réactionnaire d’Emmanuel Macron, qui veut le transformer en centre géant d’apprentissage. Il invite à signer la pétition, comme de nombreuses personnalités l’ont déjà fait.
À tous les personnels de l’éducation, les fédérations de parents, les élèves, les syndicats, les militantes et les militants, au monde du travail, aux associations, aux formations politiques progressistes et à tous les gens de bonne volonté qui refusent de brader le lycée professionnel aux besoins économiques court-termistes : préparons la riposte !
Le 13 septembre 2022, Emmanuel Macron a présenté la nouvelle réforme du lycée professionnel. Elle s’annonce particulièrement brutale. Il y a un siècle, l’État a pris une décision fondamentale : celle de placer l’enseignement professionnel sous la protection de l’Éducation nationale, alors qu’il était auparavant sous la dépendance du ministère du Travail.
Macron veut revenir sur cette décision en transformant le lycée professionnel public, qui accueille des jeunes mineurs avant le bac, en centre d’apprentissage géant. C’est-à-dire rendre totalement dépendant l’élève de l’entreprise où il se forme en parallèle de l’école. On ne peut que s’inquiéter de ce projet de réforme réactionnaire à l’heure d’une régression inquiétante des mentalités au sujet de la jeunesse, où on voudrait la mettre au pas en l’envoyant tôt au travail.
On dit souvent que le lycée professionnel « répare » les élèves qui s’y orientent et qui arrivent abîmés du collège. L’école n’a pas su leur donner les moyens de s’épanouir et d’éviter l’échec scolaire, qui est avant tout l’échec d’un système reproduisant les inégalités sociales. Confrontés à des difficultés de toutes sortes, ils ont particulièrement besoin de passer du temps dans leur établissement pour s’instruire et se former d’une manière différente de ce qu’ils ont pu connaître auparavant. Sans culpabiliser, ni se dévaloriser et en reprenant ainsi confiance en eux.
Pourtant, cette nouvelle réforme arrive alors qu’aucun bilan n’a été tiré des deux précédentes, qui peuvent se résumer grossièrement à une diminution d’une année complète du temps passé au lycée et à une division par deux du temps alloué aux enseignements généraux. On voudrait casser l’outil pour s’en débarrasser une fois devenu obsolète, on ne s’y prendrait pas autrement… (...)
L’opinion publique ne verra pas le problème tant cette réforme peut paraître technique. Qui connaît réellement la différence entre apprentissage et enseignement professionnel à part celles et ceux qui y travaillent ? S’il n’y a que le lycée pro pour parler du lycée pro, il ne va rien se passer.
Nous avons créé un collectif : #PréparonsLaRiposte car il va falloir faire de la pédagogie et porter notre voix bien au-delà de notre cadre actuel pour alerter sur ce projet de réforme abject ! (...)