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Pour la dissolution des Comités dits d’« éthique »
Article mis en ligne le 21 février 2018

Depuis quelque temps, la question des médias semble – enfin ! – devenir une question politique, débordant l’espace très réduit de la critique des médias. Dernier exemple en date : la pétition « Pour la création d’un Conseil de déontologie du journalisme en France » lancée en décembre 2017 par Jean-Luc Mélenchon. Une initiative actuellement en discussion, qui pourrait apporter à la cause du pluralisme et de l’indépendance des médias des gages plus consistants que l’inaction structurelle à laquelle sont voués les « Comités d’éthique », qui servent d’écrans de fumée dans les médias eux-mêmes.

Institués par la « loi Bloche » du 14 novembre 2016, ces « Comités d’éthique » sont apparus dans les médias « de radio généraliste à vocation nationale ou de télévision qui diffuse, par voie hertzienne terrestre, des émissions d’information politique et générale. » Si l’on ajoute à leur rôle fantoche l’aberration que représente leur composition, consacrant presque toujours des consacrés au mépris de toute « éthique » journalistique [1], des arguments significatifs semblent réunis pour exiger, dans une perspective de transformation radicale des médias, la dissolution de ces comités dits d’« éthique » ! (...)

les membres des « Comités d’éthique » sont cooptés par des membres de conseils d’administration ou de surveillance qui, à l’exception des rares représentants de salariés, sont eux-mêmes en poste par la « grâce » d’un quasi auto-recrutement. Des processus de nomination internes à la classe dominante, qui contribuent à sa reproduction, à sa fermeture sur elle-même et à la défense de ses intérêts. (...)

La noblesse médiatique
Nous avons passé en revue les trente membres de ces « Comités d’éthique ». Que nous dit l’analyse de leurs titres et de leurs quartiers de noblesse ?

Tout d’abord ces membres constituent un groupe socialement homogène ; ensuite, pour la quasi-totalité d’entre-eux l’extension du marché de la fausse sagesse initiée par la « loi Bloche » est l’occasion de faire fructifier des capitaux (sociaux, politiques, économiques) dont ils jouissent déjà. Quoique décoratifs, ces postes leur permettent en effet d’accumuler des « jetons de présence » symboliques, d’étoffer plus encore les réseaux relationnels prisés et cultivés chez les dominants et par suite d’accroître l’intégration et les pouvoirs de la classe dominante.

Nous avons recensé les membres de ces « Comités » appartenant à différentes catégories significatives pour notre analyse (...)

Résumons : sur le principe, la « loi Bloche » prévoit des « Comités relatifs à l’honnêteté, à l’indépendance et au pluralisme de l’information et des programmes ». Dans les faits, la fable de « l’indépendance » de leurs membres à l’égard des pouvoirs est systématiquement contredite par l’exposé de leur pedigree – et l’uniformité de leurs points de vue [8] est parfaitement contraire au « pluralisme » dont ils sont supposés être garants.

Ne plus être exposés à cette mascarade de la (petite) vertu…
Depuis plus de 20 ans, Acrimed tente de pratiquer une critique radicale des médias qui ne vaudrait pas une heure de peine si elle n’analysait pas la structure et l’évolution de l’espace médiatique. Une critique permettant de formuler des propositions concrètes de transformation du champ médiatique en vue de sa réappropriation démocratique.(...)

Parce qu’ils contribuent à masquer les enjeux de la propriété des médias, du recrutement social du personnel médiatique (journalistes, dirigeants, etc.) et parce qu’ils ne s’inscrivent pas dans un cadre législatif qui garantirait un véritable pluralisme de l’information et des programmes, ces comités dits d’« éthique » ne peuvent apporter aucune solution aux enjeux éthiques et politiques sus-cités. Bien au contraire. Au même titre que le CSA, ils entravent, par leur inaction législativement construite, toute perspective de transformation démocratique du champ médiatique. C’est pourquoi Acrimed demande leur dissolution.(...)