Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
l’Humanité
Pour les saisonniers, la montagne, ça ne gagne pas assez
Article mis en ligne le 21 décembre 2021
dernière modification le 20 décembre 2021

Si les stations de ski font le plein de vacanciers durant ces fêtes de fin d’année enneigées, ce n’est pas le cas des employés des pistes, restaurants et bars, rebutés par les salaires et les conditions de travail dégradés. Reportage à l’Alpe-d’Huez

(...) Après une année blanche due aux restrictions sanitaires, les touristes ont répondu à l’appel de la neige, faisant passer la population de 1 500 personnes à l’année à près de 26 000 en ces congés hivernaux. (...)

Pour les servir, des bataillons de saisonniers – entre 3 000 et 4 000 – s’activent en sous-main. Ils et elles sont perchistes, serveurs, gouvernantes, cuisiniers, dameurs, vendeurs, plongeurs, réceptionnistes, femmes de ménage… Cette année, pourtant, environ 10 % d’entre eux manquent à l’appel. « C’est d’autant plus vrai pour l’hôtellerie-restauration, explique François Badjily. Les hôtels haut de gamme galèrent et recourent à de la main-d’œuvre étrangère afin d’y remédier. » À titre d’exemple, l’hôtel quatre étoiles le Pic blanc compte 20 travailleurs polonais parmi ses 120 salariés.
« Ça fait un an que je vis sur mes réserves »

Plusieurs raisons expliquent cette pénurie, à commencer par la crise du Covid amputant une saison et demie, forçant des reconversions et des sédentarisations. (...)

Les contrats ne durent en moyenne que quatre mois

Pour faire la césure jusqu’à l’été, les saisonniers ne pourront plus compter sur des indemnités chômage. Le 1er décembre, le dernier volet d’application de la réforme de l’Unédic a en effet fait passer de quatre à six mois sur les vingt-quatre derniers mois la durée de travail nécessaire à l’ouverture de droits. Dans les stations, les contrats ne durent en moyenne que quatre mois et n’excèdent jamais cinq mois, de décembre à avril. Le nouveau calcul introduit par la réforme de l’assurance-chômage va également faire baisser le montant de l’allocation de 17 % en moyenne, selon l’Unédic. La prise en compte des jours non travaillés aura une répercussion d’autant plus grande pour les personnes qui cumulent des contrats courts sans les enchaîner, comme c’est le cas des saisonniers. (...)

Du côté des sociétés d’exploitation des remontées mécaniques et des pistes, c’est l’instauration du passe sanitaire, couplée à la réduction du temps de validité des tests de 72 heures à 24 heures, qui rebute certains professionnels. « Sur les 368 personnes qui travaillent ici, une quinzaine se font tester tous les jours, je ne sais pas combien de temps ils vont tenir », s’inquiète Alain Mathieu, responsable des systèmes électriques pour l’opérateur Sata et délégué syndical Force ouvrière. (...)