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RT France
Pourquoi ce qui arrive à Assange est important pour la France
Stephanie Gibaud
Article mis en ligne le 2 mai 2020

Quelles actions le chef de l’Etat et ses ministres ont-ils menées envers ceux qui clamaient « droit de manifester, droit d’informer, même combat » lorsqu’ils se mobilisaient sur les ronds points et manifestaient leur soutien à Julian Assange ?

Quelles actions ont par ailleurs été menées par l’exécutif en faveur d’Assange ? Sa demande d’asile avait été rejetée par le Président Hollande, les réponses aux courriers que nous avons envoyés les uns les autres depuis plus de six années n’ont jamais été à la hauteur des enjeux, leurs signataires ayant fait fi des valeurs de notre pays. (...)

Un ancien policier habitué à faire du « profiling » pour protéger les Présidents français m’a régulièrement répété qu’il faut toujours vérifier le mode opératoire afin de comprendre la signification réelle des actions d’une personne au-delà de ce que ses mots prétendent. A juste titre, sur le traitement du dossier d’Assange, nous sommes à même de nous demander quel exemple de société les présidents François Hollande et Emmanuel Macron ont montré à nos enfants, au-delà de leurs mots, de leurs envolées lyriques et de leurs beaux discours. Comment expliquer l’indifférence quasi institutionnalisée à l’égard du traitement d’Assange depuis 2012 ?

Wikileaks a été créé en France et a commencé à publier en France. Le quotidien Le Monde a collaboré avec le media dirigé par Assange jusqu’à le nommer « Homme de l’année » en 2010. Si l’une des publications françaises les plus distribuées et lues à l’étranger, considérée par ailleurs comme « journal de référence », comprenait à l’époque l’utilité des révélations faites par Wikileaks, comment expliquer l’indifférence quasi institutionnalisée à l’égard du traitement d’Assange depuis 2012 ?

Voici exposée la problématique des humains qui finissent par se corrompre et qui, pour mieux masquer la corruption de leurs esprits, détournent le regard en accusant les autres. Nous avons notamment lu certains articles de presse, entendu certains journalistes indiquer qu’Assange avait mis des personnes en danger, notamment des agents américains ou moyen-orientaux. Or aucune plainte n’a jamais été déposée en ce sens, aucune enquête n’est venue démontrer ces graves accusations. Ce processus de lâcheté est le même que celui qui est employé par ceux qui courent d’un plateau de télévision à un autre, qui tentent de se faire passer pour des chevaliers blancs mais qui sont, au quotidien dans leurs actions, aussi peu recommandables que ceux qu’ils sont censés combattre. Pour prouver quelque chose, on se doit de coller à la vérité des faits et uniquement à elle. Quand on regarde de près l’attitude de certains diseurs de vérité auto-proclamés, on comprend qu’ils ne cherchent pas la vérité mais une part de celle-ci pour la transformer en leur vérité. C’est ainsi que l’on définit un esprit corrompu (...)

Les pétitions émanant de médecins, d’avocats, de journalistes du monde entier en faveur d’Assange ne fonctionnent pas. Elles renforcent même l’effet de torture subi par le journaliste car il ne se passe rien une fois leur contenu publié. Chacun de ceux qui sont « aux affaires » se renvoie la balle de la responsabilité, en toute violation des lois internationales. Personne ne sait qui prend les décisions au sein des administrations et dans les cabinets ministériels. Il appartient à la société civile mondiale de demander des comptes afin que l’on sache qui décide de la torture d’Assange, qui laisse perdurer des conditions de détention aussi inhumaines. (...)

Comment justifier que le pays des droits de l’homme favorise d’un côté l’accueil et la protection de dictateurs et préfère de l’autre refuser d’accorder asile et protection à ceux qui défendent les intérêts stratégiques de notre nation ? (...)

Qui pense aux enfants d’Assange ? L’histoire nous a appris que seules les pires dictatures séparent des enfants de leurs parents. La peine qui leur est infligée est à la hauteur des mensonges de nos Etats. Il est inacceptable que des enfants soient frappés par le manque d’éthique de nos dirigeants politiques. Comment ces enfants peuvent-ils comprendre le monde par le prisme d’un père enfermé parce que sa seule faute est de publier la vérité ? Qui pourrait nous indiquer quelle loi valide l’emprisonnement des personnes qui informent ? Dans une incohérence inouïe, notre exécutif mime être composé de gens bien sous tous rapports, qui démontrent par leurs actions qu’ils sont corrompus par tout un système (...)

Pour que la France redevienne à la hauteur de ce que représente internationalement le pays de la déclaration des droits de l’homme, nous nous devons d’incarner ses valeurs individuellement et collectivement. Nous mobiliser tous ensemble pour Assange est impératif face à la culture bien orchestrée de l’entre-soi, du mensonge et des esprits corrompus sinon nous serons tous condamnés à subir le même sort que le journaliste : ne pas se sentir concernés, ne pas se mobiliser pour la libération de Julian signifie ne pas se battre pour ses propres droits en matière d’accès à l’information, c’est alors accepter une presse aux ordres qui décide de ce qui peut être connu des citoyens ou ce qui doit leur être caché. (...)

Nous devons nous lever pour qu’Assange bénéficie d’un procès humain et équitable afin que la vérité soit établie, il n’est pas question de le laisser seul, pointé du doigt comme un « ennemi public » pour éviter que d’autres ne suivent le chemin de la transparence. (...)

Alors même que le Président Macron citait « Les jours heureux » lors de sa dernière allocution télévisée, Julian Assange incarne l’exemple même de la Résistance en ce début de XXIe siècle. (...)

Son esprit d’équipe et son intelligence à protéger les lanceurs d’alerte tout en donnant de la visibilité à leurs dénonciations démontrent son combat pour la vérité et pour le droit à l’information. Une rupture s’est petit à petit créée entre l’exécutif et les citoyens de notre pays car les réponses données n’ont pas été à la hauteur des enjeux ni des attentes de ceux qui œuvrent à une société différente où prévalent les notions de solidarité, de bienveillance, d’échanges, de partage, de transparence ou encore d’éthique. Le journaliste s’inscrit dans ces valeurs d’humanisme, c’est pourquoi son histoire est révélatrice de l’hypocrisie de nos dirigeants quant à leur rapport à la vérité. La libération d’Assange est l’affaire de tous les Français, à commencer par les journalistes car l’abandon de nos « élites » politiques prouve que le droit à l’information est en grand danger. (...)