
Les ordinateurs quantiques auront le pouvoir de briser le chiffrement asymétrique qui est à la base de la sécurité de l’Internet. Deux mathématiciens pensent avoir trouvé la solution. Décryptage.
Nathan Hamlin et William Webb ont peut-être sauvé le Web. Ces deux mathématiciens de la Washington State University viennent de présenter une nouvelle manière de faire du chiffrement asymétrique, en modifiant un vieil algorithme des années 70 (« Knapsack »). Son principal avantage : il serait résistant aux futures attaques quantiques !
Attaques quantiques ? Eh oui, peu de gens le savent, mais une véritable course contre la montre se déroule actuellement dans le monde discret de la cryptographie, dont le résultat pourrait signer l’arrêt de mort du Web. Deux camps s’affrontent : d’un côté des ingénieurs, de l’autre des mathématiciens. Mais tous les deux partagent la même passion : l’informatique quantique.
Depuis quelques années, les ingénieurs font de grands progrès. Tellement que la plupart d’entre eux sont désormais persuadés que l’ordinateur quantique existera bel et bien un jour. Ce n’est plus qu’une question de temps. (...)
Parmi les grands acteurs intéressés figure Google qui, depuis l’année dernière, cherche à construire son propre ordinateur quantique. Et le géant du Net avance à grands pas. Récemment, il a développé une technique pour augmenter la stabilité des « qubits », ces fameuses particules élémentaires qui sont à la base du calcul quantique. Cette découverte serait, d’après les experts, un grand pas vers la création d’un système quantique réellement opérationnel.
Mais le jour où ces ordinateurs d’un nouveau type débarqueront dans le quotidien, marquera également la fin de l’actuelle architecture de sécurité de l’Internet. Car l’informatique quantique va définitivement casser les algorithmes de chiffrement asymétrique RSA, qui sont pourtant omniprésents dans le web. Ils sont utilisés dans les connexions SSL/TLS, les paiements en ligne, les signatures électroniques, les PKI d’entreprises, les messageries sécurisées de type PGP, etc. « On pense que d’ici 25 ans, tous les systèmes asymétriques vont tomber. D’ici là, il faudra donc trouver une solution alternative. Ce sera un changement très important », (...)
D’ailleurs, c’est précisément pour cette même raison que la NSA investit de manière massive dans les ordinateurs quantiques, au travers d’un programme de recherche qu’il a baptisé « Penetrating hard targets » et doté d’un budget annuel d’environ 80 millions de dollars (source : Washington Post , janvier 2014). Armé d’un ordinateur quantique, l’agence américaine pourrait lire tous les échanges dans le monde, réduisant à néant tout espoir en matière de protection des données. (...)
Plusieurs pistes existent pour sauver le Web
Pour éviter cette catastrophe, les mathématiciens se sont retroussé les manches. Depuis 2006, ils se retrouvent presque chaque année dans le cadre d’une conférence internationale appelée « Post Quantum Cryptography », afin de trouver une parade aux attaques par calcul quantique. La dernière édition s’est déroulée en octobre 2014 au Canada. La prochaine aura lieu en février 2016, au Japon. Leur but est de trouver des algorithmes qui soient résistants aux ordinateurs quantiques (...)
Mais alors, Nathan Hamlin et William Webb viennent-ils enfin de trouver le Graal ? Rien n’est moins sûr. Il faudra d’abord que leur algorithme soit passé en revue par leurs pairs, ce qui va prendre quelque temps. (...)