Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
Pourquoi le gouvernement vise-t-il les Soulèvements de la Terre ?
#MegaBassines #repression #SainteSoline #lessolevementsdelaTerre #Darmanin
Article mis en ligne le 16 avril 2023
dernière modification le 15 avril 2023

Il y a un « refus viscéral de l’État de remettre en question le modèle productiviste », estime Nicolas Haeringer du mouvement pour la justice climatique, à l’heure où le ministre de l’Intérieur menace de dissoudre les Soulèvements de la Terre.

Le gouvernement a fait de la bassine de Sainte-Soline une ligne rouge, alors que ce n’est objectivement pas un objectif très stratégique. (...)

Il faut donc se poser la question de manière plus vaste : pourquoi les bassines sont-elles protégées à ce point ? Pourquoi Rémi Fraisse [Militant écologiste tué par l’explosion d’une grenade en marge de la mobilisation contre le projet de barrage de Sivens en 2013, ndlr] est-il mort lors d’une mobilisation similaire contre un barrage ?
De l’écologie des petits gestes aux questionnements systémiques

Le gouvernement actuel, comme à peu près tous les gouvernements français successifs, a fait le choix de soutenir la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). Et comme il n’y a aucun ministre de l’Agriculture qui ose se confronter à la FNSEA, celle-ci peut faire à peu près tout ce qu’elle veut. (...)

Derrière les bassines, c’est l’agriculture industrielle qui est remise en cause, comme le choix de certaines cultures, en l’occurrence le maïs qui est destiné à l’alimentation du bétail pour la production de viande et à l’export. (...)

Ce refus viscéral de l’État de remettre en question le modèle productiviste explique pour partie le déploiement de 3000 policiers à Sainte-Soline le 25 mars. Cette remise en cause fait peur surtout parce qu’elle se fait depuis des territoires précis. (...)

Peur des territoires autonomes

À Sainte-Soline, l’État et Gérald Darmanin expriment une peur panique de la Zad, alors même qu’il n’a jamais été question de créer une Zad à cet endroit. Le lieu ne s’y prête pas du tout, ce sont de vastes trous dans la terre, sans ombre, sans rien. Mais derrière la peur panique de la Zad, on reconnaît la crainte que leur modèle soit questionné à partir d’un territoire précis et concret et pas uniquement par des choix individuels isolés.

Il s’agit aussi d’avancer vers un rapport complètement différent au vivant, qui implique notamment une rupture avec l’extractivisme, c’est-à-dire avec une vision de la nature comme gisement de ressources à la disposition des êtres humains pour en faire ce qu’iels veulent. (...)

Il devient intolérable pour l’État de laisser ces territoires se multiplier. (...)

Répression et criminalisation des activistes

On retrouve une répression similaire de la contestation de la politique énergétique, en particulier sur la question du nucléaire. À Bure notamment, le déploiement des forces de l’ordre et l’arsenal juridique utilisé pour réprimer les militant·es s’inscrivent dans le champ de l’antiterrorisme.

Jusque récemment, de tels niveaux de répression restaient plutôt rares quand il s’agit d’actions militantes, au contraire de ce qui est mis en œuvre quand il s’agit de réprimer les corps et les vies des personnes racisées, immigrées ou descendantes d’immigré·es en particulier dans les quartiers populaires. C’est là qu’ont été testées, expérimentées et déployées toutes ces techniques qui sont désormais utilisées contre les militant·es. Ce n’est donc absolument pas anodin que la répression s’amplifie et se multiplie au cours des dernières années. C’est quelque chose auquel il faut être très attentif. (...)

Gérald Darmanin franchit une étape supplémentaire, en parlant de terrorisme à propos des Soulèvements de la Terre et en s’attaquant à la Ligue des droits de l’Homme. Il légitime ainsi l’idée d’un état d’exception. Le message est clair : on peut donc se faire justice soi-même. Les membres de la FNSEA, de la Coordination rurale ou d’autres groupes peuvent ainsi croire qu’ils sont autorisés à faire ce qu’ils veulent : frapper, attaquer des journalistes, des militant·es qui s’opposent au modèle agro-industriel, avec la bénédiction de l’État.