
Place Beauvau vient de publier un appel d’offre d’un montant de près de 4 millions d’euros pour l’achat de plusieurs centaines d’appareils, assurant qu’il n’y a pas de lien avec leur utilisation dans la crise actuelle.
(...) D’après l’appel d’offres, ces contrats comprennent, outre l’achat des équipements, leur « maintien en condition opérationnelle » et la formation des agents à leur maintenance. Ils s’inscrivent dans un « programme financé par des fonds de l’Union européenne », le Fonds pour la sécurité intérieure (FSI). D’après le site du ministère de l’Intérieur, le FSI se divise en deux volets : l’un centré sur les « frontières extérieures », et l’autre sur « la coopération policière, la prévention et répression de la criminalité, et la gestion des crises ».
L’achat de drones sera-t-il fait, en partie ou entièrement, sur les deniers du FSI ? Et dans lequel de ses volets s’inscrit l’achat de ces équipements ? Le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos questions sur le sujet et se contente de nous écrire que l’accord-cadre répond aux « besoins de la sécurité intérieure (gendarmerie nationale, police nationale et sécurité civile) ». (...)
Dans le contexte de crise sanitaire, l’utilisation de drones se généralise pour vérifier le respect des mesures de confinement, ce qui n’est pas sans inquiéter l’association de défense des libertés publiques la Quadrature du Net, qui a recensé plusieurs villes où les forces de l’ordre ont recours à ce dispositif. Une expérience de ce type, commencée à Nice, a par exemple été étendue à tout le département des Alpes-Maritimes où une entreprise privée de drone épaule policiers et gendarmes, selon l’agence spécialisée AEF. Dans d’autre cas, d’après l’agence, ce sont les drones de la gendarmerie qui sont utilisés, notamment sur les littoraux de Charente-Maritime, des Côtes-d’Armor, de Corse, du Pas-de-Calais, de Loire-Atlantique, du Var, ou encore « sur les berges du Doubs, en Haute-Garonne, ainsi qu’aux abords du lac du Bourget (Savoie) ».
L’AEF chiffre à 300 le nombre de drones en dotation chez les gendarmes et à 110 chez la police nationale, notant que certains ont été déployés pour faire respecter le confinement à Marseille ou à Lille. La préfecture de police de Paris utilise ces équipements avec le même objectif dans la capitale, relève l’AFP.
Le ministère de l’Intérieur assure toutefois que la commande n’a rien à voir avec l’actualité (...)