
"Deux jours après l’élection d’Emmanuel Macron, j’ai pu parler politique, information et réseaux sociaux avec des élèves du lycée professionnel Charles de Gaulle à Paris."
Mon intervention en tant que journaliste était prévue dans le cadre de la semaine de presse et des médias dans l’école, un événement organisé par le ministère de l’Education fin mars et dont le thème était « D’où vient l’info ? ». C’est finalement au surlendemain du second tour de l’élection présidentielle que la rencontre a lieu. Une bonne façon de comprendre comme des lycéens s’informent, d’autant qu’ils voteront pour la première fois en 2022.
« Macron a beau avoir un visage d’ange, il faut se méfier de ce visage d’ange-là »
Le début de l’échange a été pour le moins timide. Les professeures ont dû insister pour que les premiers rangs se remplissent, et les élèves ont dû ranger leur téléphone, leur hand spinner pour certains, et m’écouter m’engager dans un (trop) long monologue sur le web journalisme. Puis, après plusieurs questions sur ma profession (notamment sur la liberté d’expression ou l’importance ou non des clics sur ma fiche de paye), la discussion s’oriente sur l’élection. La majorité des élèves a un avis très étayé et tranché sur les candidats, notamment les deux finalistes.
« Au deuxième tour, je n’ai pas eu le choix, explique Sanaa, 18 ans et primo-votante à cette élection. Je ne pouvais pas voter pour une raciste. » « Marine Le Pen n’est pas raciste », lance alors dans un souffle Moustakaim, 16 ans, sans que je sache bien s’il pense vraiment ce qu’il dit ou s’il veut simplement impressionner ses camarades. « J’ai voté pour le moins pire, reprend Sanaa. Macron, je ne le connaissais pas, mais j’ai trouvé que sa communication était bonne. » « Pour moi, Mélenchon était le mieux pour la France, reprend une autre élève, qui préfère ne pas donner son prénom. Les autres politiques parlent bien pour qu’on tombe dans leur piège. Macron a beau avoir un visage d’ange, il faut se méfier de ce visage d’ange-là. » Chez sa voisine, je crois distinguer un « bien dit ». Quand je demande à la classe ce qui les dérange avec le prochain président de la République, Moustakaime, 16 ans, répond : « Il était banquier, il ne veut pas nous aider. » Souleymane, 17 ans, prend alors la parole et défend l’homme du mouvement en marche : « Je ne vois pas en quoi être banquier peut déranger. C’est un métier comme un autre, il a le droit d’être banquier, pour moi ce n’est pas un argument. » (...)