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Pourquoi les médias s’intéressent-ils à la guerre en Ukraine mais pas aux conflits au Yémen et en Éthiopie ?
#guerres #medias
Article mis en ligne le 17 janvier 2023
dernière modification le 16 janvier 2023

Il n’y a pas que l’Ukraine. Le conflit au Yémen dure depuis 2015. En Éthiopie, une guerre civile fait rage depuis 2020. Pourquoi en parle-t-on beaucoup moins dans les médias ? Réponse de Quentin Müller, grand reporter spécialiste du Yémen

Techniquement, des pays comme le Yémen et l’Éthiopie sont beaucoup plus difficiles d’accès, et donc à couvrir pour les journalistes. Et tout le monde ne situe pas l’Éthiopie sur une carte. (...)

Les médias parlent en général peu d’international, car les audiences et les ventes sont moindres sur ces sujets. (...)

Plus on s’éloigne de ces références médiatiques françaises, plus c’est dur de se voir commander un reportage sur l’étranger. (...) Ce qui explique que le conflit éthiopien soit peu couvert. (...)

Un manque intérêt du public pour l’actualité internationale

France24 et RFI réalisent de leur côté des reportages sur les guerres qui nous paraissent lointaines, comme en Éthiopie et au Yémen. Mais encore faut-il regarder et écouter ces médias et surtout s’intéresser à l’actualité internationale qui est souvent anxiogène. (...)

Une autre donnée entre également en ligne de compte. L’invasion de l’Ukraine par la Russie est assez simple à lire pour qui n’aurait pas de notions en géopolitique. Une guerre civile, comme c’est le cas pour l’Éthiopie, suppose en revanche une connaissance ou un intérêt pour le pays ou la région pour en saisir les enjeux. (...)

Nous, reporters, on nous demande constamment de faire court et de simplifier au maximum, au risque de dénaturer les nuances des situations sur le terrain.

(...) Alors que pour la guerre en Ukraine, il y a grossièrement un « gros méchant », Poutine, et un peuple qui résiste avec courage.

C’est le récit que les médias ont adopté pour attirer le lectorat et l’audience. Ils ont un besoin de manichéisme, même quand il est flagrant comme ici, pour accrocher l’attention. Dans une guerre civile, c’est beaucoup plus compliqué, il y a rarement des « gentils » et des « méchants ».

Il y a souvent des revendications identitaires, géographiques, religieuses et linguistiques inconnues, faisant intervenir l’histoire ancienne de ces pays éloignés. C’est moins évident à lire, plus ardu, plus flou.(...)